Petite présentation avant de débuter la critique ;
Le film raconte l’histoire de deux caporals anglais (William Schofield et Tom Blake) que l’on envoie à travers les no man’s land, cadavres et par conséquent mésaventures pour permettre à une troupe alliée d’éviter un guet-apen de l’armée allemande...
Sam Mendes est à la barre de ce film, c’est un réalisateur britannique habitué aux récompenses cinématographiques puisqu’il a été primé près de 14 fois en tant que meilleur réalisateur pour American Beauty ; a réalisé l’un des meilleurs films d’action de ce début de siècle : Skyfall et a été récompensé pour son travail sur le film du jour aux Golden Globes à deux reprises (meilleur réalisateur et meilleur film dramatique) !
Donc un gars qui a de la bouteille aux commandes de ce film hollywoodien, alors grand spectacle ou blockbuster d’auteur ?
Let’s go !
ALERTE SPOILER !
Les points cools ????
La photographie de ce film est splendide, le film est d’ailleurs nommé dans cette catégorie aux Oscars ; s’il remporte ce prix, ce ne serait franchement pas démérité : un film construit autour de 3 plan-séquence sans faute visuelle et surtout arborant ce ton grisâtre tout au long du film renforçant l’aspect cauchemardesque de la guerre, d’ailleurs…
Le film est construit comme un cauchemar, le film démarre paisiblement au pied d’un arbre et se termine dans la lumière du soleil au pied d’un autre arbre avec entre temps toute l’horreur, comme quand nous rêvons, le sommeil se trouve une fois apaisé et une fois le cauchemar passé, on ne trouve réconfort qu’auprès de ce qui a engendré notre sommeil (ici, l’arbre)
La sensation de cauchemar en tant que point positif seul, puisque le film commence avec un travelling vers l’arrière sur une campagne et suivra nos héros en amorce tout du long ensuite - on découvre ce qu’il se passe en même temps que les personnages, pour les gamers c’est comme la vue à la troisième personne - c’est d’ailleurs la finalité du film : nous faire vivre le cauchemar de la Grande Guerre !
Arbre duquel Schofield se réveille au départ et ferme les yeux à la fin, l’arbre est symbolique de l’homme/de la vie, de cette humanité/cette paix qu’on ne trouve qu’en dormant dans cette réalité infernale ; il n’y aura jamais de réel compassion pour d’autres personnages y compris les alliés durant le métrage, tout est froid ! Nos deux héros sont au passage les seuls à côtoyer ces arbres, ne se montrent jamais violents sauf par nécessité et sont généreux même avec l’ennemi, et s’ils étaient les allégories de cette humanité perdue ?
Un détail qui nous parlera plus à nous européens, il y a beaucoup de surcadrage dans ce film ! (cadre dans le cadre) Ce qui renforce la place du spectateur dans le film, nous prenons une entière part à l’oeuvre, jusqu’à la complicité ! En deçà des plans en amorce nous impliquant dans le film, on peut aussi se référer au devoir de mémoire : on observe le désastre, impuissant face au poids de notre histoire.
Le cadre que nous observons couplé au cadre présent à l’écran crée une illusion de présence sur les lieux/de complicité, ce dit cadre est toujours face à un désastre et si on se fît à la citation de Jacques-Bénigne Bossuet : “Qui sait le passé peut conjecturer l'avenir.” Cela indiquerait-il qu’à ressasser le passé nous nous condamnons à le revivre ? D’autant plus dans le contexte dans lequel nous nous trouvons actuellement ! Ce détail est magnifique !
Ces deux petits acteurs George MacKay et Dean-Charles Chapman comme caporals sont vraiment très attachants, éveillant nos meilleurs sentiments grâce à leur sympathie, leur naïveté et leur sensibilité.
La cruauté du film renforcée par cette goddamn BO composée par Thomas Newman, tantôt triste, tantôt froide, tantôt mélancolique parfois tout en même temps : ça sert parfaitement le propos !
L’utilisation littérale du principe dramaturgique du fusil d’Anton Tchekhov, pour reprendre la citation de ce dernier : « Si dans le premier acte vous dites qu'il y a un fusil accroché au mur, alors il faut absolument qu'un coup de feu soit tiré avec au second ou au troisième acte. S'il n'est pas destiné à être utilisé, il n'a rien à faire là. » et là le film est non seulement séparé en 3 actes (3 plans-séquences) mais utilise ce principe avec les quelques objets suivants : un fusil, une gourde, des provisions, du lait…
La scène de course à pied dans les ruines et durant la bataille finale (visible dans la bande-annonce) qui aura nécessité une coordination parfaite entre l’équipe technique, les acteurs et les figurants certes celles-ci ne sont artistiquement pas forcément riches mais comme toute pièce de théâtre, il faut saluer ce morceau de bravoure !
Les points qui déconnent ????
La communication autour du film qui parle d’un film en un seul plan-séquence ! C’est faux, le film aura deux moments de flottement faisant office de fondus - pendant une explosion et un plongeon dans un ruisseau - créant les 3 actes du film !
L’interprétation du film tellement difficile qu’on en est à se demander par moment si le film à un réel sous-texte ou s’il ne veut nous faire vivre qu’une expérience intense de + de 2h remplie de facilités scénaristiques…
...d’ailleurs, je ne comprend pas pourquoi le cinéma dans lequel je suis allé diffuse le film dans une aussi petite salle ! De toute évidence, privilégiez les salles IMAX ou ICE pour ce film ! Comme dit précédemment, la finalité du film est de vous faire prendre part au cauchemar qu’on nous fait vivre, donc quitte à le vivre à fond, autant être dans les meilleures conditions !
Les facilités scénaristiques excusées par la cohérence entre celles-ci et les caractéristiques préétablies de nos deux personnages principaux (sympathie, naïveté, sensibilité)
Mes 2 arguments de visionnage :
À mi-chemin entre performances techniques impressionnantes et expérience immersive unique, ce film plaira aux amateurs de belles images et d’action !
Pour les lycéens parmi vous, pour commencer les révisions sur le chapitre de la Première Guerre Mondiale !
Note : 18/20