Quel film ! 1917 est une course effrénée vers un but nécessaire : sauver la vie de soldats. Mais au final, ce n'est pas ce but qui importe tant, c'est tout le chemin parcouru pour y arriver. De visions d'horreur en visions d'horreur, le film nous plonge dans l'enfer des tranchées. Et nous aussi, on se sent barricader derrière ces quelques mètres de terre qui nous séparent du champ de bataille.
Lorsque nos protagonistes s'en extirpent pour entamer leur long chemin tumultueux, on n'a plus qu'une hâte : qu'ils se cachent, qu'ils se replient ou qu'ils arrivent en un seul morceau mais rapidement.
Les dialogues ont certes leur importance mais ce film est surtout très visuel avec ces longs plan-séquences. Ces scènes nous embarquent dans des courses sans fin et dans des labyrinthes de tranchées, qui nous font réaliser la prouesse des soldats pour leurs constructions.
En deuxième partie de film, le silence est présent, mais c’est l’humain qui se tait face à la nature. Désormais, on entend les feuilles se mouvoir au rythme du vent, la rivière couler ou encore les oiseaux chanter au petit matin. Ces quelques moments de légèreté sont très appréciés dans cet enfer puant et nous rappellent le calme et la volupté de la nature, face à l’Homme qui détruit tout sur son passage.
C'est un film qui ne s'arrête jamais, sauf pour retrouver un peu d'humanité devant un bébé qui a tout perdu ou dans les moments de nature. Le film est tout le temps en mouvement, et il ne s'essouffle pas. Jamais on ne s'ennuie, chacun des nouveaux obstacles que doivent franchir nos héros, nous donnent plus d'émotions que le précédent.
Par moment, le film ressemble à un tableau. Lorsqu’ils traversent un champ de cerisiers en fleurs ou plus étonnant, lorsque le soldat se retrouve dans la ville détruite et que les jeux de lumières des fusées de détresse s’amusent à dresser un décor surréaliste.
On vibre avec eux à chaque planque de fortune qu'ils se trouvent. On suffoque avec les soldats lorsque le danger est si proche, que la mort leur tend la main. On souffre avec eux pour leurs blessures physiques et émotionnelles.
Et puis, quelque chose qui marque, tous ces acteurs de premier plan : Firth, Cumberbatch, Scott, Madden, Strong … ne sont ici que pour quelques scènes, comme si la guerre effaçait tout, et que ce qui importait était cette course contre la montre pour sauver des soldats inconnus.
Ce n'est pas souvent que l'on se sent autant pris au piège dans un film, à sursauter, trembler, espérer, pleurer... Sam Mendes a rendu un très bel hommage à la Der des Der.