Allez soyons franc, « 1917 » est un film de guerre maîtrisé de bout en bout qui vaut son pesant de popcorn. Certains diront blockbuster, d’autres film froid qui retrace sans empathie l’expérience de nos ancêtres… personnellement j’opterais pour film à budget moyen qui se démarque en utilisant une technique certes déjà connue et utilisée, mais une technique quand même : le plan séquence. Sam Mendes avait sans doute l’envie de nous faire vivre en temps réel une mission clé de la survie des troupes alliés lors de la Grande Guerre. C’est réussi. La reconstitution des décors et des costumes est tout simplement splendide. Nous sommes immergés dans un no-man’s land des plus terrifiants et authentiques et nous suivons une course contre la montre qui s’apparente à du suicide.
« 1917 » est donc une bonne retranscription composée de maîtrise historique et technique. Sam Mendes l’a d’ailleurs souligné dans une de ses interviews : « Très peu de films évoquent la Première Guerre Mondiale car c’est une guerre immobile qui consistait à attendre des jours et des jours dans les tranchées pour finalement mourir 200 ou 300 mètres plus loin ». L’originalité de ce film, c’est la singularité d’une petite mission intégrée dans la guerre. Rajouter une petite histoire dans l’histoire.
Contrairement à un film comme « Dunkerque » de Christopher Nolan, « 1917 » ne fait pas un documentaire de la guerre et n’hésite pas à nous donner une dimension héroïque (et ce sans en faire des tonnes non plus). Un homme pour en sauver 1 600 autres, 1 600 autres comme lui. La mission aurait pu être assignée à lui ou à un autre, la finalité aurait été la même. D’où l’importance d’un personnage que l’on suit et qui a un impact tout au long de l’histoire sans pour autant être mis sur un piédestal.
En résumé, « 1917 » est un film prenant et abouti où très peu de défauts peuvent être décelés en termes de technique ou de procédés utilisés. On se croit vraiment sur place avec les poilus. Reste à savoir si c’est un film qui pousse à la réflexion ? Pas nécessairement. Bien entendu on peut repenser aux horreurs de la guerre (villages rasés, faune et flore dévastés) et la souffrance vécue dans les tranchées. Malheureusement ce n’est pas l’objet du film et l’empathie reste assez « légère » dans la narration. Belle claque visuelle toutefois.