Mendes emprunte toutes les ressources d’immersion, de participation du spectateur. Rarement un film nous aura ainsi donné le sentiment physique de la distance parcourue, le soulagement après chaque pas. Ce voyage, il fallait le faire.
Maintenant, 1917 est certes impressionnant, mais ce n'est pas vraiment un film, c'est plutôt une séquence de jeu vidéo. Le récit et la mise en scène en reprennent tous les codes : de longs déplacements continus, entrecoupés de quelques dialogues et de scènes de combat. La prouesse technique aboutit à des effets dont on cherche le sens exact. Le film ne compte que deux plans, séparés par une seule cut ; il dure deux heures. L'ellipse de la cut doit durer 7-8 heures (sommeil). Or l'action complète du récit en dure probablement 20 ou 24. Donc l'effet de continuité est fictif. À cela s'ajoutent de curieuses incohérences, la plus absurde étant ce torrent dans lequel tombe notre héros : un torrent près d'Arras ?!? Vous avez déjà été dans le Nord-Pas-de-Calais ?!?
Bref, le film vaut surtout par les ambiances qu'il propose tout au long de cette traversée du front : les tranchées, le no man's land, le fort souterrain, la ville en ruines, etc. L'acteur principal y a sans doute gagné une reconnaissance méritée, et une suite de carrière facilitée.