1984 !

Adapter l’oeuvre mastoc d’Orwell est chose quasi impossible. Si la vision d’un futur totalitaire ne change pas, difficile de rendre à l’image un roman quasi descriptif. Radford s’en tire cependant avec les honneurs !

On retrouve dans ce film, le pitch du roman. Winston est un homme comme les autres à Oceania, soumis à Big Brother. Mais il se pose des questions, et va finir par rejoindre la Résistance.

Ceci est une maniéres trés rapide de résumer une histoire qui tient plus, dans le roman, à la description d’un monde totalitaire, saupoudré d’une histoire d’amour relative dont l’intérêt tient plus dans la transgression que dans les sentiments. Le film se devait de créer un monde à la hauteur. Gris, sombre, le film l’est de bout en bout. Il ne semble jamais y avoir d’échappatoire à l’univers esthétique créé par Radford et son équipe. D’une tristesse absolu, ce monde écrase, et Winston ploie sous lui. On avance dans ce film comme on avancerait dans le film d’horreur le plus « possiblement crédible » qui puisse exister. Si le roman n’existait pas, le film de Radford serait peut-être même carrément bluffant.

Malheureusement, celui-ci existe et on voit donc les petits soucis de ce film. Notamment a voix off qui se fait parfois omniprésente et trop explicative. Elle est nécessaire, mais envahissante. Dommage car le casting est parfait, que l’usage des corps est remarquable (tout désir est exclu de la maniére dont ils sont filmés) et que les émotions, comme dans le roman, sont le plus souvent absentes. Mais on sent quelques hésitations dans certaines représentations, comme si le poids du roman ne permettait pas au réalisateur de plonger trop profondément dans la déprime. Et pourtant dieu sait que ce film est déprimant. On en sort un peu lessivé, en ayant vu une adaptation franchement honnête, mais qui a un poil vieillit. Mais qui pourrait faire mieux aujourd’hui ?