1:54 est le premier film long métrage en tant que réalisateur de Yan England qui s'attaque sur un sujet trop peu étudié encore et qui pourtant devient un réel fléau : L'harcèlement scolaire. Un sujet qui mérité d'être traité car comme on peut l’imaginer cela touche de plus en plus de jeunes et tôt.
Il y a une dizaines d'années on aurait dit que le harcèlement s'arrêtaient en rentrant à la maison, de nos jours il se poursuit et reste permanent avec le développement des réseaux sociaux ce qui n'est pas sans impact comme le décrit très bien ce film.
En voyant la bande annonce et lu la synopsis de départ je ne m'attendais absolument pas à une histoire aussi développée sous cette angle-là et sur un sujet auquel on à tous été directement ou indirectement confrontés.
On rentre progressivement dans l'histoire de ces jeunes ados blessés par leurs camarades de classes avec cette méchanceté gratuite. Il est question ici de l'homophobie, la stigmatisation même si Yan England nous dirige quasiment tout le film sur le personnage renfermé de Tim (Antoine Olivier Pilon) que l'on découvre petit à petit son caractère personnel et cette fracture communicative avec le corps enseignants mais aussi
avec son père, ses questionnements et ses doutes vis à vis de son orientation sexuelle notamment.
En parallèle de cela, il va tout tenter pour défier son adversaire et ennemis dans ce qui lui permet d'avancer et de s'évader dans la course.
Dès le début le film se montre particulièrement percutant pour le spectateur et le met dans le drame et l'émotion rapidement en ne lui laissant aucun moment de répit. On s'attache très vite à Tim et son amis Sophie. Les acteurs sublimes (particulièrement Antoine Olivier Pilon déjà prodigieux avec Mommy) et les décors principalement dans ce lycée Québecois comme un message du réalisateur destinés aux élèves. Des scènes violentes par moment ne sont pas sans réactions du public pour aller jusqu'au dénouement final
tragique
et presque sous forme de documentaire. Les images et l'esthétisme sont soignées.
Seul petit bémol c'est le générique de fin qui reste neutre avec pas de musique de fond mais cela reste approprié de la part du réalisateur comme pour laisser le spectateur reprendre ces émotions après 1h47 d'interrogations et de questionnements pour lui aussi.
Après la séance vu en Avant-première, j'ai eu la chance de rencontrer et débattre dans la salle et en personne avec le réalisateur, cela fut encore plus riche et bouleversant d’anecdotes sur l’œuvre avec le réalisateur très ouverts et sur des faits réels de personnes venus témoigner et l'on se rend compte que le harcèlement et bien plus important que l'on croit, c'est dramatique.
L'idée de Yan England est de surprendre le spectateur et c'est bien réussi (pour ce premier film abordé) jusqu’au final à la hauteur qui se révèle d'une bonne intensité. Il veut avant tout dénoncer à un grand nombre d'élèves la stupidité et la bêtises humaines faites envers leurs camarades impuissants mais pas que il y a là aussi un message pour sensibiliser les enseignants et montrer aussi que la cyber intimidation et la transparence sur le net peut être dévastatrices.