On peut toujours faire pire dans l'horreur ... en voici une preuve.
Y a des jours où on se retrouve à la baraque à ne rien faire pour diverses raisons, parce que vos potes ne sont pas disponibles, vous avez terminé ce que vous aviez à faire ou je ne sais quoi d'autre ... Alors, pour une fois, je me suis décidé à allumer ma télé et à mettre Syfy, sans raison apparente de prime abord, et là ils sont en train de passer un film reprenant l'histoire de Moby Dick transposée au XXIème siècle. Et, pour mon plus grand malheur, je n'ai pas écouté la voix qui gueulait à pleins poumons dans ma tête "non mais ils sont sérieux là?", et le carnage a été d'autant plus douloureux que j'ai lu le livre.
Donc, vous avez toujours Moby Dick, qui est cette foi un cachalot de 150 mètres de long (non, non, je ne déconne pas), le capitaine Ahad qui est un amiral de la Marine américaine à la tête du SS Pequod, qui est cette fois un sous-marin thermonucléaire (non, non, je ne déconne toujours pas), Ismaël a été remplacé par une scientifique blonde et écologiste spécialiste des cétacés nommée Michelle Herman (référence mal amenée à l'auteur de Moby Dick, Herman Melville, mais toujours l'horreur niveau scénario) ainsi qu'une série d'extravagances et d'absurdités découlant de l'adaptation du scénario ...
Et, un peu à l'image du QG de la Marine américaine, qui prend toute cette histoire pour du feu et s'inquiète sérieusement de ce que pourrait faire un amiral taré ayant le contrôle d'un sous-marin nucléaire, du côté spectateur, on avance lentement mais sûrement vers un résultat de plus en plus absurde et délirant ... jusqu'au final.
Parce que ce final est juste un pur concentré d'horreur scénaristique et d'absurdité qui mérite dignement sa bande au panthéon des conneries hollywoodiennes. Déjà, ils réussissent à coincer Moby Dick dans le lagon d'un atoll (ce qui est déjà bien venant d'une telle bande de clowns), et ils décident alors d'envoyer trois zodiacs pour aller abattre le cétacé de 150 mètres de long au fusil d'assaut (non, je ne déconne vraiment pas et encore, c'est juste le début du final là), tandis qu'ils décident plusieurs mines à l'entrée du lagon pour stopper la bestiole et préparent le missile thermonucléaire, des fois que le fusil d'assaut ne soit pas suffisant.
Première partie du combat : Moby Dick se cache dans le lagon puis remonte brutalement à la surface et happe 3 marins au passage (jusque là, pas de problème). Seconde partie : Moby Dick monte à la surface, se traîne sur la terre ferme puis fait le tour de l'île avant de sauter du sommet de l'île pour écraser 4 marins supplémentaires (mais puisque je vous dis qu'ils l'ont fait, pourquoi vous ne me croyez pas?). Troisième partie : le capitaine va affronter seul à seul le monstre et se fait finalement entraîner par le cordage du harpon (il finira au passage attaché définitivement sur la queue de la bestiole. Ben quoi?). Quatrième partie : le sous-marin envoie le missile thermonucléaire, Moby Dick remonte à la surface et effectue un saut qui lui permet d'éviter le missile, sans compter qu'elle va directement s'écraser sur le sous-marin, lui infligeant de sérieux dégâts (ayons une pensée au passage pour l'abruti qui regardait depuis l'entrée et a vu le monstre lui arriver droit dans la gueule) pour se barrer tranquillement. Dernière partie : le missile percute l'île, le sous-marin et l'île sont d'ailleurs balayés et la scientifique survit intacte à l'explosion puis un hélicoptère de l'armée vient la récupérer. FIN.
Conclusion de tout ce merdier : avoir du bon goût, ça consiste également à savoir reconnaître une horreur innommable quand on en voit une, et ce film en est une, incontestablement. D'ailleurs, autant l'avouer, si ce site avait une option permettant de mettre une note en-dessous de -10000, je vous jure que je la mettrais sans état d'âme. En fait, passer son après-midi à ne rien faire, c'est définitivement mieux que de la passer à regarder ce genre de films ...