Quand le cast des effets spéciaux est plus fourni que celui des comédiens, n'est-ce pas là un signe de l'apocalypse intellectuelle du cinéma ? Devenu aujourd'hui une comédie plutôt qu'un film-catastrophe, 2012 est un de ces beaux nanars comme il est bon d'en voir, ne serait-ce que pour se dire "si lui peut faire du cinoche, je peux le faire !". Bon, pas tout à fait : j'ai toujours eu à coeur de défendre Roland Emmerich comme Michael Bay dans leur quête effrénée d'une esthétique de la destruction, visuelle et cérébrale, qui trouve ici son apogée. Ce n'est pas Emmerich que j'ai envie de féliciter mais bien l'équipe des effets spéciaux, même si les mecs ont tendance à faire dans la surcharge pondérale bien des fois. 2012 ne comporte qu'une heure véritablement magique, celle où la planète fout le camp et où tout le monde meurt, comme dans les classiques du genre des années 80. Le reste, c'est du remplissage, du vent brassé par des acteurs désabusés, venus cachetonner pour des vacances au soleil le 21 décembre, expirant davantage qu'ils ne disent des répliques insipides au mieux, patriotiques au pire. Pourtant, quel casting ! Mais le tsunami virtuel trouve son double dans le cerveau des scénaristes, alignant poncifs et situations audacieusement démodées en prenant bien soin de tirer sur la corde, histoire d'augmenter le prix du billet pour une durée de film plus longue. 2012 n'est pas un film déjà périmé ; il était préalablement moisi de toutes parts. Avant de filmer des catastrophes, Hollywood ferait bien de ne plus en faire.