Je vais commencer mon compte-rendu de cette nuit à L'étrange festival par le dernier film, non pas pour être étrange moi-même, mais parce que ça va être le plus facile.
Il était 6h du matin déjà, il avait fait chaud toute la nuit, on venait de voir Norwegian ninja, et dès le départ "2019, après la chute de New York" ne me tentait pas, déjà rien qu'à cause de ce titre. Il est chroniqué sur nanarland, c'est un gage de qualité, mais je n'étais pas d'humeur pour un film italien post-apocalyptique.
J'avais tort, c'était requinquant.
2019, après la chute de New York, c'est :
-Un scénario qui emprunte à Mad Max pour son paysage désertique et ses véhicules retapés qui s'affrontent, à Escape from New York avec son héros qui a tout du look de Snake Plissken et qui doit se rendre dans une Grosse Pomme dévastée pour sauver quelqu'un, à Blade runner pour sa confrontation humain/cyborg et le fait que pendant longtemps on ne sache pas qu'un personnage est un être mécanique, et à la Planète des singes avec ses hommes-chimpanzés qui débarquent dans le scénario de façon bien absurde.
-Des combats avec des saltos avant inutiles et des roulades maladroites qui devraient placer le héros en mauvaise position, mais il gagne quand même.
-Des personnages hauts en couleur : un acteur qui interprète un robot-clown aux articulations comme rouillées, un type à chapeau hybride qui mélange haut-de-forme et chapeau melon, et un esclave hermaphrodite qui ressemble à Phoebe Dollar et que le héros a gagné parce qu'il est un champion automobile.
-Un héros vraiment badass car il obtient toutes les femmes. Même celle ennemie.
Ca tombe bien aussi, la seule femme belle dans le camp des contaminés, qui d'habitude ont tous le visage couvert de plaies et de pustules, tombe instantanément amoureuse de lui.
-Un sidekick qui se sacrifie avec la réplique-clé "non, allez-y sans moi"... et qui se fait quitter sans problème ni discussion, sans aucun "non, on ne peut pas te laisser".
-Des hommes qui bavent vert car ils ont bu de l'eau radioactive et qui doivent être achevés à coup de pistolet-laser au bruitage et au trucage pour le moins étonnant. Par ailleurs, il faut croire que l'animation des rayons paralysants qu'on voit plus tard est elle aussi paralysée.
-Des dialogues de sourds :
"-Je ne savais pas que c'était un cyborg, jusqu'à ce qu'on veuille faire l'amour.
-Je connais le fou qui a construit le premier."
Fin de la conversation.
-Des répliques cultes :
"Est-ce une faute grave d'être un nain ?"
Vive le héros, un exemple de morale et de justesse, pour sortir de telles paroles.
-Des répliques pratiquement toutes dignes de Captain Obvious :
la femme qui meurt en disant "l'univers est grand", ce à quoi le héros répond "j'ai compris". Et puis comme si on ne nous l'avait pas déjà dit 10 fois, un personnage répète à propos de la seule femme féconde connue qu'elle est la seule à pouvoir sauver le monde.
Enorme aussi : l'homme-singe qui demande à propos d'elle "pour faire des enfants ?"
-Un nain qui se cache de telle sorte qu'on se dit que, malgré sa taille, il devait perdre à chaque partie de cache-cache quand il était petit, et qui crie à ses camarades que les ennemis risquent de les voir...
-Un doublage en or, évidemment.
-Une des pires répliques, qui est tout de même celle de George Eastman à la tronche d'un homme de Cro-Magnon qui déclare "j'ai fait deux enfants à une femme chimpanzé". Comme si mon facepalm n'était pas assez douloureux, il ajoute "je peux vous en donner la preuve". J'y croyais pas, "oh non", me lamentais-je.
-Un maquillage d'hommes-chimpanzés vraiment horrible. Mention spéciale à celui hilare, qui n'apparaît que quelques secondes, en gros plan, mais qui pour moi entre dans la légende même dans ce laps de temps si court.
-Des gens qui se battent tout le temps.
-Un rebondissement final miteux : le cyborg qui jusque là aidait le héros et lui a sauvé sa vie de nombreuses fois, qui dévoile qu'il avait pour mission de le tuer !
-Une dernière image figée pendant peut-être une minute avant que le mot "fin" n'apparaisse. Et pas de générique, évidemment.
2019, après la chute de New York, dans ce contexte, entre dans la catégorie des films qui gardent éveillés alors même que t'es épuisé et qui provoquent plus facilement l'hilarité et l'accablement justement à cause de la fatigue.
Je suis content de m'être un peu endormi pendant Norwegian ninja pour ne pas avoir raté une miette de 2019, mais il se passait tellement n'importe quoi que je ne pense pas que j'aurais pu m'assoupir devant. Ca me rappelle ce que j'avais vécu avec Ölüm savasçisi, quoique celui-ci est imbattable, malgré déjà la surpuissance de 2019.
EDIT : Tiens, juste avant la séance, un type a débarqué, visiblement pas du tout au courant de ce qui se passait ici, et nous a demandé combien était la séance. Il nous a demandé si le film était bien... on aurait dû lui dire que oui, j'aurais aimé voir sa tête.