Trop aimer un livre vous rend totalement incapable d'apprécier son adaptation cinématographique, a fortiori si celle-ci se contente de respecter prudemment "l'histoire" dont elle s'inspire, et si elle n'est pas alimentée par une vision originale "d'auteur".
Avec ce 1er chapitre de la déclinaison en film du génial manga de Naoki Urasawa, on est d'autant plus consternés qu'à la fidélité littérale à l'histoire foisonnante de "20th Century Boys" s'ajoute un contre-sens absolu dans l'ambiance du film : là où Urasawa nous enchante avec un mélange irrésistible de mélancolie (l'enfance et son imaginaire survolté) et d'abstraction conceptuelle (toutes les strates de mémoire et de temporalité enchevêtrées), Tsutsumi ridiculise ses personnages en injectant une bouffonnerie déplacée, et bâcle de nombreuses scènes à 100 à l'heure, histoire de clairement remplir son "contrat", soit l'adaptation - le doigt sur la couture, aux ordres du studio - millimétrée d'une œuvre qui ne se réduit pourtant pas à son scénario.
[Critique écrite en 2009]