22 Jump Street par critikapab
Le ton est donné dès les premières minutes : d'emblée, Channing Tatum et Jonah Hill se lancent dans une parodie de scène d'action géniale, totalement improbable et burlesque. Ce sera là tout le but et la principale réussite de Phil Lord et Christopher Miller : se moquer d'à peu près toute l'industrie hollywoodienne.
Déjà initié par les mêmes réalisateurs dans La Grande Aventure Lego, le principal attrait comique de la comédie US est désormais très clair : se moquer d'elle-même. Hilarant discours de leur supérieur qu'est celui prononcé juste après la séquence introductive : "Vu le succès de votre précédente opération, la hiérarchie vous alloue plus de moyens. Comme souvent les suites sont des surenchères, vous allez vous contenter de faire exactement la même chose. Exactement PA-REIL, c'est bien compris ? Tout le monde sera content" ; allusion pas très subtile mais non moins hilarante aux réunions pré-production des grandes franchises américaines.
Pendant une courte première partie, le film va ainsi reproduire "exactement la même chose" que dans le premier opus. Mieux encore il va l'assumer, le revendiquer : même intrigue globale, mêmes scènes, même fossé qui se creuse entre les deux personnages (cette fois-ci inversé - la première fois étant déjà une inversion de ce qu'aurait été la norme). Un tournant à peine différent est emprunté et l'on avait alors jamais été aussi proche de la bromance entre Jenko et Schmidt, qui vont s'éloigner peu à peu l'un de l'autre.
Une fois l'idée lancée, rien ne semble pouvoir arrêter le potentiel comique du duo comique Hill/Tatum, parfait et encore plus libéré que dans 21 Jump Street. Une impro de slam, un qui-proquo monstrueux, ou une course poursuite démente : rien n'a plus de limite et c'est là le tour de force des deux réalisateurs : le comique de la surenchère, lorsqu'il est bien écrit et encore mieux interprété, demeure drôle, quoi qu'il arrive et ils se plaisent à nous le rappeler. Forcément, le scénario y perd un peu en rebondissement et en situations imprévues mais au vu des scènes de barres de rire qu'il propose, il y gagne au change.
Jamais le film ne prend véritablement le parti de l'humour ultra-référencé ou du premier degré crétin ; il en fait une association qui fonctionne à merveille. Le personnage d'Ice Cube a ici une place plus importante (on ne dira pas pourquoi mais diable que c'est jouissif) et amène sans doute la scène la plus hilarante du film, avec un Channing Tatum au bord des larmes. Seul passage à pouvoir concurrencer ce dernier pour le trône de la séquence la plus mémorable : le générique de fin, totalement débridé et encore une fois plein de clins d’œil et de taquineries distillées au cinéma pop.
Développer plus encore sur les attraits du film priverait les novices du plaisir total éprouvé devant un tel spectacle. Contentons-nous de l'éloge conclusive habituelle : 22 Jump Street ou la suite la plus décomplexée de l'histoire confirme - voire amplifie - l'immense talent comique des deux duos (Lord/Miller et Tatum/Hill) devant et derrière la caméra.