Où est la réalité? Où est la fiction?
Difficile d'exprimer un ressenti sur ce film parce que par son propos, il m'intéresse énormément, mais il se montre assez décevant dans une partie de son traitement.
Jia Zhang Ke, parce qu'il va souvent à contre-courant des opinions des politiques chinoises, est un inconnu dans son pays alors qu'il reçoit dans les pays européens un accueil souvent bon de la critique. Si il est évident qu'il ne fait pas déplacer les foules, il a acquis une petite notoriété. Dans 24 City, il se permet d'évoquer l'histoire de la Chine à travers une usine d'armement d'abord puis de pièces d'aviation ensuite. L'usine est détruite pour faire place à un grand complexe d'appartements de luxe. C'est évidemment deux Chine qui s'affrontent entre celle qui a vécu dans le passé et celle qui se tourne vers l'avenir. C'est aussi une Chine où les inégalités économiques sont mises en avant entres pauvres ouvriers et Chinois plus riche.
A travers des séquences d'une dizaine de minutes, c'est donc huit personnages qui vont défiler et raconter diverses anecdotes sur leur passé ou leur espérance pour certains dans l'avenir. En fait ce qui est vraiment dommage, c'est que ces personnages sont joués par des acteurs dont Joan Chen.
En fait, on n'est pas dans un documentaire pur et dur. Il y a une mise en scène purement cinématographique et des acteurs. Le tout est toujours filmé de manière très réaliste, mais on prend conscience qu'on n'est pas face à de "vraies" personnes. S'il se base sûrement sur des témoignages réels ou pour le moins concordant, ça dénature pas mal l'ensemble du propos. Ca enlève même une forme d'authenticité.
C'est dommage car ce que le réalisateur veut souligner, il le fait justement très bien. Mais on regrette évidemment toute cette mise en scène qui tient parfois à faire passer des acteurs pour de vrais témoins tout comme la manière de filmer du cinéaste, certes très propre, mais trop fictionnalisée. La limite entre réalité et fiction n'est jamais vraiment claire.