Premier film et unique court métrage réalisé par Jean-Pierre Melville, Vingt-quatre heures de la vie d’un clown propose comme son titre l’indique de passer une journée en compagnie de Béby, alors vedette du cirque Medrano de Paris. Si cet amour pour les clowns apparaît peu dans la filmographie du réalisateur du Samouraï – qui disait qu’avant d’aimer le cinéma il aimait le cirque – on y trouve déjà, au moyen d’un précis quasi documentaire, cette peinture de la solitude et de la répétition, d’autant plus surprenante qu’il le suit moins dans ses numéros comiques qu’en dehors, lors de son retour à la maison, dévoilant son ingratitude envers sa femme, sa complicité avec son chien, sa volonté de se réfugier dans de vieux albums photos. Melville recherche moins le clown qui fait rire les enfants que l’homme triste sous le maquillage. L’autre particularité du film c’est que les dialogues (et pensées de son personnage) de cette petite chronique sont intégralement donnés off par Melville lui-même, occasionnant une narration plutôt originale. Et ça fonctionne. Ça participe de cet aspect conte. Bref c’est une chouette curiosité.