Arcady a dit "regarde", Arcady a dit "déplore", "indigne toi", non t'as pas dis Arcady a dit !
À la base je ne voulais pas voir ce film, pour la simple et bonne raison que cette adaptation au cinéma n'a pas de sens, ressortir cette affaire douloureuse de la séquestration et l'assassinat de Ilan Halimi par Arcady avec la complicité de la famille de la victime à des biens purement propagandistes et commerciaux sont aberrants, et on nous le vend comme un devoir de mémoire des dérives communautaristes pour que "ça ne se reproduise jamais". Donc même son de cloche que pour "La Marche" de Ben Yadir contre le racisme, quand on veut exploiter un thème important et sensible soi on le fait extrêmement bien ou soi on ne le fait pas, le format cinéma me dérange dans le sens où un téléfilm pour le service public aurait été d'avantage un peu plus cohérent (et encore ...).
Le film en lui même dispose d'une réalisation primaire, sans trop d'efforts, avec une mise en scène particulièrement mauvaise où le casting est d'une pauvreté déconcertante, mis à part tout de même Gamblin et Testud qui eux ont du métier et surtout du talent, Zabou Breitman surjoue à maintes reprises et Elbé marmonne dans sa barbe, le reste se résume à des quatrièmes couteaux de téléfilms, séries ou pubs (je crois même avoir reconnu la fille de Bernard Tapie), et en "guests" des Marc Olivier Fogiel et Mickael Darmon pour donner une pseudo touche documentaire, mwai non ...
Franchement je me suis senti très souvent gêné de voir le résultat de cette adaptation, trop de maladresses et d'exagération (le parcours quasi christique de Ilan à la fin avec la musique ce n'était pas franchement nécessaire), la subtilité semblait en même temps perdue d'avance, le point de vue de Ruth Halimi est compliqué puisqu'il est partial concernant la morale de cette histoire, vouloir mettre en avant cette idée de l'antisémitisme est peut être réaliste selon les faits mais en faire le principal message me dérange, surtout en ce moment avec les retombés médiatico-populaires du conflit israélo-palestinien ainsi que de l'affaire Dieudonné il y a quelques mois, le timing est un peu délicat, car on est jamais à l'abri des amalgames.
On va nous dire "Pourquoi ne pas avoir fait de film sur Saïd Bourarach ?", c'est juste mais je rétorquerais que ce genre de faits divers comme celui de Halimi n'a sa place que dans des documentaires d'investigation qui apporteront bien plus de détails informatifs et clairs sans prise de parti. Arcady nous mène clairement en bateau durant près de 2h, on assiste à un récit filmé sous un angle bien trop lisse et préconçu, certains dialogues sont même rendus impertinents, le constat est vraiment dur, je ne vois quasiment rien à repêcher dans cette catastrophe industrielle dégoulinante d'idéologie explicitement décomplexée, si ce n'est juste un bon rythme et deux acteurs qui surnagent dans cette bouillie théâtrale.
Ce film "24 jours, la vérité sur l'affaire Ilan Halimi" est donc inutile, maladroit et faible cinématographiquement, et si vous ne connaissez pas cette affaire ou si vous voulez découvrir plus de compléments je vous dirigerais plutôt vers de vrais documentaires, et si possible visionner et s'informer sur d'autres cas similaires de communautés différentes (pour le coup sous-médiatisés) pour ne pas tomber dans cette esbroufe victimaire organisée par Ruth Halimi et Alexandre Arcady.