Vendu comme le nouveau film du producteur de John Wick comme si cela était un gage de sa qualité et évidemment pour surfer sur le succès du célèbre hitman. Les producteurs ont d'ailleurs aussi sortie de leur carton un ancien cascadeur reconvertit en réalisateur pour venir mettre en scène ce 24 Hours to Live pour pleinement asseoir la gémellité des deux films. Sauf que Brian Smrz n'est ni Chad Stahelski ou David Leitch et que sa première expérience derrière une caméra en 2008 c'était avérée catastrophique. Ayant travaillé avec un maître du cinéma d'action tel que John Woo pendant plusieurs années, on aurait pu croire que Smrz aurait plus appris que ça pour son travail de réalisateur, pourtant ce deuxième essai vient nous montrer que ce n'est pas le cas.
Se rêvant en "John Wick like", 24 Hours to Live par surtout avec le gros handicap d'avoir un pitch digne d'une production de Luc Besson. Et ce sera l'handicap majeur du film, son scénario absolument ridicule et qui ne sait clairement pas où il veut aller. Le principe qui voit son héros mourir puis revenir avec seulement 24 heures pour accomplir sa tâche finale intervient finalement très tard dans le film et ne sert que de prétexte pour pouvoir le vendre avec des catchphrases sur l'affiche ou en faire une bande annonce assez mensongère. On sent vraiment que c'est injecté maladroitement dans l'intrigue et que en dehors de donner quelques hallucinations à son héros pour donner une couche de pathos et de fatalisme à l'ensemble ça n'a aucune finalité. Car on est plus face à la rétrospective émotionnelle d'un mec bourré que face à l'urgence d'un bon actionner.
C'est finalement là l'erreur du scénario, ce n'est pas qu'il soit ridicule ou peu plausible mais qu'il le soit et se déroule avec un premier degré inébranlable. On sent que derrière cette histoire de méchante entreprise qui fait des tests sur les humains pour créer un super soldat qui déjoue la mort, le film veut se la jouer bien plus profond et intelligent qu'il ne l'est. Et ce n'est pas aidé avec une fin affligeante de nullité et un méchant tout droit sortie de l’imagination d'un enfant de 8 ans lorsqu'on lui demande de visualiser un riche manipulateur avec tout plein d'argent. C'est caricatural au possible, certaines scènes n'existent juste que pour gonfler la durée du film et flatter l'ego d'acteurs qui n'ont pas grand chose à faire là (les passages avec Rutger Hauer), très attendu dans son déroulé avec une romance inerte au milieu de tout ça et une relation de "frères ennemis" déjà jouée plusieurs fois avant. Il n'y a même pas vraiment d'enjeux vu que les motivations de chacun ne sont pas explicités et que l'ensemble ne vole pas haut. Les acteurs pataugent comme ils peuvent avec ça, surtout Xu Qing et Liam Cunningham qui n'ont rien à jouer et seuls Paul Anderson et Ethan Hawke sortent leur épingle du jeu. Ethan Hawke arrive même à être particulièrement convaincant et ce malgré les grosses limites du scénario et de la sous-écriture de son personnage. Il lui offre une épaisseur bienvenue.
Mais qui dit film d'action, dit que ce qui importe n'est pas tant le scénario mais les dites scènes d'actions et là encore, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent. Hormis une course poursuite vraiment bien foutue qui arrive à mi-parcours, et qui propose des jeux de caméras et de montage bien sentis, c'est le calme plat. Brian Smrz n'est pas un metteur en scène très talentueux, il fait preuve d'un savoir-faire dans le découpage de ses scènes mais a du mal à cadrer son action et de la transcender par le mouvement. La plupart des passages musclés sont statiques et ils s'enchaînent sans la moindre fantaisie dans une succession de fusillades terriblement classiques et assez vite ennuyeuses. La réalisation technique est en plus très plate et certaines incrustations numériques sont vraiment ratés ce qui amoindrit le réalisme ou la viscéralité des affrontements. Pourtant cascadeur pour John Woo, Smrz n'a pas développé cette amour de la chorégraphie et de la sueur qui faisait pourtant le sel des John Wick et il emballe un film d'action de la manière la plus générique qui soit.
24 Hours to Live est ce à quoi John Wick aurait ressemblé si il sortait de l'écurie Besson. Le film se construit sur une idée bidon et ne la compense pas avec son écriture risible qui se prend bien trop au sérieuse dans son abattage systématique de clichés. C'est caricatural au possible, ridicule sur sa fin et on ne peut même pas compter sur des scènes d'actions globalement fades pour venir relever le niveau. Après celles-ci on quand même le mérite d'être regardables et il faut avouer que la course poursuite du milieu de film arrive à offrir quelques jolis frissons. Et on peut aussi saluer la performance de Ethan Hawke qui apporte substance et subtilité à son personnage. Il ne signe pas la prestation de sa carrière mais il arrive à sortir sans égratignure de ce qui est pourtant un bien mauvais film.