Londres, six mois après l'épidémie de fureur qui a transformé l'essentiel de la population anglaise en zombies véloces et enragés. Les quelques centaines d'Anglais ayant échappés à l'épidémie ont fuit l'Angleterre, échappant ainsi à cette hécatombe. 28 semaines plus tard, l'épidémie semble s'être enrayée d'elle-même, les contaminés étant à terme tous morts de dénutrition. Encadrés par l'armée américaine, des centaines de réfugiés anglais reviennent dans leur pays natal et sont parqués dans une zone délimitée en plein quartier moderne de Londres. L'espoir semble renaître en attendant la reconstruction du pays. Parmi les réfugiés, un jeune garçon et une adolescente viennent retrouver leur père, Don (Robert Carlyle), qui a survécu tout ce temps à l'épidémie et aide désormais les troupes armées à sécuriser le périmètre de cette cité de la nouvelle chance. Ayant abandonné par pure lâcheté son épouse aux contaminés, il cache sciemment l'inavouable vérité à ses enfants en leur faisant croire qu'il n'a rien pu faire pour sauver leur mère. Tourmenté par la culpabilité et le poids de son mensonge, il tente néanmoins de reconstruire tant bien que mal des rapports de confiance avec ses enfants. Plus tard, malgré la surveillance étroite de l'armée, les deux adolescents décident de sortir hors de la zone de sécurité pour explorer les rues d'un Londres dévasté. C'est en retournant dans leur maison familiale qu'ils se rendront compte qu'un survivant l'occupe déjà...
Après avoir frappé un grand coup avec son 28 jours plus tard en 2002 et relancé ainsi la mode des films de contaminés et de zombies, Danny Boyle met très vite sur les rails un projet de suite, collaborant une fois encore avec le talentueux scénariste et producteur Alex Garland qui en rédigea le scénario. Accaparé par la pré-production de Sunshine, Boyle se contente ici d'un poste de producteur exécutif et délègue la réalisation de cette séquelle à un jeune réalisateur espagnol, remarqué pour la remarquable maîtrise de son premier long-métrage, Intacto. Un choix curieux qui provoqua une certaine défiance des admirateurs du premier opus vis-à-vis de cette suite dont beaucoup craignait qu'elle ne soit qu'une bande formatée et sans âme, propre à reproduire sans aucune originalité le schéma du premier film. Qu'elle ne fut donc pas la surprise des plus sceptiques à la vision de ce 28 semaines plus tard dont le scénario, s'il se situe bien dans une continuité cohérente vis-à-vis du film de Boyle, s'en affranchit considérablement par l'ampleur étourdissante de ses événements et de ses enjeux.
Passé une tétanisante séquence d'ouverture, l'exposition nous présente méticuleusement les personnages, l'unité de lieu et le contexte de l'intrigue, appuyant l'importance du background par une profusion de figurants. Ainsi, toute la zone de sécurité se limite à un ensemble de buildings modernes, dont chaque fenêtre révèle le quotidien de leurs occupants. La ville exhale l'âme de son microcosme et cela se traduit à l'image par des séquences voyeuristes où les snipers oisifs de l'armée tuent leur ennui en espionnant les habitants à travers leurs lunettes de visée. L'occasion de trouver un potentiel référent en l'un de ces bidasses rigolards.
Ayant ainsi délimité son contexte et présenté l'essentiel de ses protagonistes, l'intrigue peut alors embrayer sur l'épidémie tant attendue. Il suffira d'un baiser pour propager à nouveau le virus dévastateur, transformant en quelques secondes toute personne exposée en un véritable monstre carnassier. La bave aux lèvres, les yeux injectés de sang, le premier infecté a vite fait de propager le mal dont il souffre, en pénétrant dans un parking sous-terrain où sont parqués les civils alertés. Dès lors l'épidémie se répand sans discontinuer et l'armée riposte, tentant tant bien que mal de discerner dans la foule les contaminés des civils apeurés. Dépassé par l'ampleur du désastre, l'état-major ordonne alors aux snipers de ne plus faire aucun discernement entre infectés et civils et de tirer sur tout ce qui bouge. Soucieuse de prévenir toute propagation du virus hors des murs de la zone de sécurité, l'armée emploie les grands moyens, jusqu'à arroser les rues de napalm.
Là où le premier film nous présentait des militaires psychopathes, cette suite leur oppose des soldats ne faisant qu'obéir strictement aux ordres, sans jamais les remettre en question. Hormis deux d'entre eux, une toubib en treillis et un sniper valeureux qui refusent sciemment d'exécuter les ordres et rejoignent le groupe de civils survivants pour les guider à travers la ville, devenue une véritable zone de guerre. Parmi ce groupe de rescapés, se trouve tout l'enjeu de l'intrigue, à savoir deux enfants qui ont toutes les chances d'être immunisés au virus et donc de porter en eux un possible antidote. Dès lors, les deux militaires récalcitrants feront preuve d'un héroïsme à toute épreuve pour garantir la survie de ces deux enfants et par extension celle de l'humanité. A ces deux militaires héroïques, capables du plus surprenant des sacrifices pour préserver cette infime lueur d'espoir, s'ajoute un troisième personnage emblématique, carrément infecté lui, mais semblant toujours porter en lui les vestiges d'une humanité perdue et ce malgré sa nature sanguinaire.
Ainsi, le scénario loin de décalquer facilement le schéma narratif du premier film, lui propose une continuité logique et ambitieuse, portant les enjeux de l'intrigue à un degré paroxystique des plus surprenants pour un film de genre. 28 semaines plus tard s'apparente alors à ce que fut Aliens le retour en son temps, une intelligente extrapolation du premier film, amplifiant considérablement son background et ses enjeux pour poser les bases d'un troisième opus logique, aujourd'hui hélas fortement compromis pour des raisons de financements. C'est d'autant plus regrettable que le final de ce second opus, à l'opposé de l'optimisme de celui du premier opus, s'ouvre sur des événements de plus grande ampleur, compromettant fortement la destinée de certains de ses protagonistes.
Autant dire que 28 semaines plus tard s'affranchit considérablement de son modèle, non seulement par l'ampleur et le déroulement de son intrigue mais aussi par sa réalisation soignée et audacieuse. Certes, on pourra parfois regretter le parti-pris stylistique du réalisateur, notamment dans ces scènes d'attaques, filmées en caméra portée de manière parfois étroite au point de perturber sévèrement la lisibilité de l'action. C'est pourtant là le seul défaut de la mise en scène de Fresnadillo lequel opte pour un style immersif, parfois très documentaire et des plus pertinents, perdant ses personnages dans l'immensité d'une avenue désertée ou les filmant au plus près dans un espace confiné. En outre, le réalisateur met souvent en valeur le point de vue exclusif de certains de ces protagonistes, notamment lorsqu'ils observent leur environnement au moyen de lunettes de visée. Un autre moyen d'immerger le spectateur dans l'intrigue et de le surprendre en sacrifiant subitement ses référents au moyen d'entrées dans le champ des plus efficaces.
Au final, 28 semaines plus tard est une franche réussite. Dans la parfaite continuité du premier opus, le film de Fresnadillo réussit l'exploit de s'affranchir de son modèle pour porter son intrigue au-delà des attentes et proposer une intelligente réflexion sur la notion hobsienne d'humanité. Véritable choc cinématographique, de ces films dont on ne soupçonne pas l'excellence avant de les voir, cette séquelle haut de gamme s'impose désormais comme une référence incontournable du genre.