Des choses gentilles à dire sur ce film :
Shankar s’était bien fait plaisir avec Enthiran et l’avait bouclé d’une fin pas spécialement ouverte. Mais bon, le succès rencontré par le film et la perspective d’un gros gros budget de l’ordre de 76 millions de dollars (le premier en avait coûté 18) l’ont aidé à s’asseoir sur la cohérence de l’œuvre et remettre le couvert. Problème dès lors, comment développer quelque chose à partir d’un premier film déjà si complet et à ce point over the top ?
Eh bin, Shankar y arrive en partie. D’abord, il évite le toujours un peu indigeste résumé de l’épisode précédent. Et puis surtout, il ne se jette pas à bras raccourcis, tel un ministre de l’Intérieur sur une jeune militante, sur une surenchère facile. En terme de narration, de thématiques, de tonalité, 2.0 emprunte une direction un peu différente de ce qui avait été tracé dans Enthiran.
Ainsi, le point de départ qui mène le docteur Vaseegaran (Rajinikanth) à sortir Chitti (le même Rajinikanth) de la naphtaline est l’animation soudaine des téléphones portables agissant d’abord de leur propre chef avant de devenir les atomes d’une entité plus importante. Les soucis de téléphonie virent à la terreur à grands renforts de meurtres surnaturels des plus croquignolets.
Le délire est intriguant et, malgré de bonnes longueurs dues à la déclinaison de situations cocasses à base de smartphones, réserve des scènes plutôt classes. Vaseegaran, Chitti et Nila (Amy Jackson), une autre création du docteur, mènent l’enquête équipés d’un matos à mi-chemin entre Scooby-Doo et Ghostbusters, et Shankar mêle plutôt habilement SF décontractée et légende urbaine de l’ère numérique.
Puis l’entité maléfique prend clairement forme, les bonnes idées et les folies visuelles se poursuivent et le choc des titans se profile entre le bon Chitti d’un côté et le simili Iron Man en téléphones sorti d’un œuf en téléphones de l’autre. Comme tout méchant de comic-book qui se respecte, l’antagoniste a son passif qui donne lieu à un discours écologiste pas inintéressant en soi mais asséné à coups de gros sabots dans la tronche.
Plus sage que le premier film, 2.0 ne contient qu’un passage chant/danse et que peu de grosses fautes de goût notamment un bébé glauque du niveau des marmot en CGI du premier. Plus compliqué, il y perd aussi en rythme et en pêche communicative. Shankar donne l’impression de le ressentir lui-même et de corriger ce manque dans un final qui voit bad Chitti revenir, tout en outrances, en clins d’œil grossiers et en « Meeeh », dézippant les fermetures éclair des vêtements de bombasses comme jamais et sortant les mitraillettes par poignées. Malheureusement, loin de corriger le tir, le réalisateur plombe sa séquelle en faisant une grosse resucée du final du premier film. En plus maladroit.
Bon y a quand-même un mini moi Chitti du nom de Kutti.
Voilà 2.0 n’est pas la claque qu’avait été Enthiran, pas même son onde choc ; ce n’est pas un échec non plus. C’est une suite dispensable tout simplement, mais dans laquelle Shankar est parvenu à insuffler là encore un petit bout d’âme et apporter une certaine saveur. Malgré des longueurs, 2.0 reste plutôt sympa et réserve de quoi se mettre sous la dent.
Jouez au bingo des clichés avec ce film, qui totalise 38 ingrédients
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Personnage > Agissement
Bagarre | Valdingue à travers une vitre, une palissade, une porte... - Broie un gobelet/une canette d’une main pour manifester son irritation - Femme qui sauve un homme en mauvaise posture - N’importe quoi | Projeté exagérément loin sous l’effet d’un coup de feu... voire d’un simple choc - Passion | Fait preuve de jalousie ou de rivalité féminine - Passion | Se fait draguer - Tension | Échappe in extremis à un danger
Personnage > Citation
Ordonne | « C’est un ordre ! » - S’inquiète | « Oh mon dieu ! »
Réalisation
Course poursuite | Gros plan du pied sur la pédale d’accélération ou de freins - Fin | Image figée - Grammaire | Passage musical - Grammaire | Ralentis injustifiés et insupportables - Grosse menace introduite par l’avancée de l’ombre qu’elle projète au sol - Habillage | Placement de produits - Média | Point de situation par un reportage télé, radio ou presse écrite - Mise en scène | Regard incrédule - Ouverture ou fin | Voix off d’introduction ou de conclusion - Reconstitution de souvenirs accompagnée d’une voix-off - Tombe à genoux de manière théâtrale (et au ralenti) après un moment éprouvant - Vision subjective | Robot
Réalisation > Accessoire et compagnie
N’importe quoi | Explosion injustifiée - Stylé | Un flingue dans chaque main
Réalisation > Audio
Effet | Cri de Wilhelm - Effet | Lasers qui font « piou-piou », touches d’ordinateurs qui font « pi-pou-pou » etc. - Utilisation de rap dans un contexte badass - Woosh | mouvement / acrobaties - Woosh | Objet jeté au ralenti
Réalisation > Surprise !
Faux suspense !
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Quiproquo | Prend pour lui/elle des paroles destinées à un autre - Ronflements
Scénario > Élément
Personnage possédé en lutte qui reprend temporairement le contrôle de lui-même - Personnage possédé, personnage hypnotisé, personnage vaaampiriséééé - Situation de crise | réunion ou sommet de crise
Scénario > Ficelle scénaristique
La chatte à Mireille
Thème > N’importe quoi
Stylé | Explication scientifique sans queue ni tête mais pleine de mots compliqués
Thème > Sens moral
Karma | Le traître ou aspirant·e traître est buté·e par les méchant·es
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Image dégradante | Femme casse-couilles
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Barème de notation :
- 1. À gerber
- 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
- 3. On s'est fait grave chier
- 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
- 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
- 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
- 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
- 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
- 9. Gros gros plaisir de ciné
- 10. Je ne m'en lasserais jamais