Dans la série des j’en attendais rien mais je suis quand-même déçu de rentrée, s’il n’y avait pas eu la nomination de Michel Barnier au poste de premier ministre, Beetlejuice, Beetlejuice aurait remporté la palme, même devant le un peu irritant quoique très fun Alien Romulus.

Le fait est que depuis le début des années 2000, à quelques exceptions près, Tim Burton fait du Tim Burton, non pas dans le sens où il assumerait et peaufinerait son style, explorerait ses thématiques de prédilection toujours plus loin mais dans le sens malheureux où on a le sentiment de suivre soit un réalisateur débutant qui se chercherait en se calant dans les pas de Tim Burton, soit d’un tâcheron à qui on a dit fais du Tim Burton. Beetlejuice, Beetlejuice était l’occasion d’un retour aux sources. Rendez-vous manqué.

Le film n’est pas catastrophique non plus soyons juste mais, il n’est pas très très bon, que ce soit pour un Tim Burton ou simplement pour un film avec un univers et des personnages de ce calibre. Il faut dire qu'en terme de récit, déjà, ça coince sacrément. Là où le premier film était un modèle de narration, ici on se trouve à suivre beaucoup trop d’intrigues parallèles, principales d’abord puis qui passent au second plan puis qui reviennent ou pas, simplement pour amener les personnages principaux là où ils étaient pour le grand final du premier film : le mariage de Lydia (Winona Ryder), qui a bien grandi, et de Beetlejuice (Michael Keaton). Le retour de l’ex de notre bioexorciste préféré (Monica Bellucci) est un pétard mouillé qui semble n’avoir d’autre but pour Timmy que de faire jouer sa nouvelle compagne (petit geste d’affection touchant en mode "Tu sais, c’est pour toi qu’on peignait dans les cavernes, même si je l’ai dit à d’autres avant toi, c’est vraiment pour toi qu’on peignait dans les cavernes", ou népotisme éhonté ? Chacun appréciera). Quant au personnage d’acteur/inspecteur plutôt sympathique interprété par Willem Defoe, il n’apporte finalement rien d’autre qu’un peu plus de confusion à un script somme toute assez brouillon.

Brouillon mais prévisible, à titre d’exemple les aventures de Astrid (Jenna Ortega), la fille de Lydia donnent une fuite vénère de la maison et une rencontre accidentelle avec Jeremy (Arthur Conti), son jeune voisin. On voit venir la romance (très ado dans le mauvais sens du terme avec pas mal de préfabriqué sur fond de musique pop), on voit venir le fait que c’est une romance avec un fantôme, et on voit venir le fait qu’il va profiter de son innocence comme lord Barkis, l’antagoniste des Noces Funèbres, en son temps.

Car si Beetlejuice, Beetlejuice resuce naturellement Beetlejuice sur quelques points structurels et visuels, Tim Burton puise aussi pas mal dans ses autres œuvres à commencer par Mercredi, pas uniquement pour Jenna Ortega mais aussi dans cette caractérisation de la marginalité digne d’une pub pour parfum et nous refout un peu ses mêmes symboles pour montrer qu’il fait bien du Burton, l’arbre tordu pour ne citer que celui-là, qui ici supporte la cabane de Jeremy.

Il y a toutefois aussi du bon dans le film. Les effets visuels à quelques exceptions près sont plutôt cool, les costumes, les maquillages, les décors, irréprochables. Il y a un peu d’idée aussi que ce soit avec les subterfuges pour montrer Charles sans faire revenir l’acteur qui l’interprétait (Jeffrey Jones est privé de plateaux depuis qu’il s’est fait poursuivre pour pédophilie), les subordonnés de Beetlejuice à têtes réduites ou la thérapie de couple qu’il va dispenser un peu décalquée, du reste, sur sa première rencontre avec les Maitland dans le premier film. Et c’est ça le plus triste finalement, les meilleures idées de Beetlejuice Beetlejuice ont en fait plus de trente ans...

Je veux jouer au bingo des clichés avec ce film

Le lien pour jouer, c'est là : https://www.incredulosvultus.top/beetlejuice-beetlejuice

Ou sinon, je regarde juste les 55 ingrédients du bingo de ce film parce que c'est trop cool

Personnage > Agissement

À voix haute | S’entraîne avant de...

Avait pourtant été prévenu·e de ne pas faire ça

Famille | Rejette le nouveau ou la nouvelle partenaire de son père ou de sa mère

N’importe quoi | Projeté exagérément loin sous l’effet d’un coup de feu... voire d’un simple choc

Se regarde dans un miroir | S’entraîne, répète...

Personnage > Caractéristique

Blues | Sa femme, sa fille sa mère ou sa sœur est morte

Personnage > Héros ou héroïne

Passion | Demande en mariage chevaleresque

Personnage > Interprétation

Théâtralise une anecdote

Personnage secondaire

Petite peste Disney Channel

Réalisation

Grammaire | Passage musical

Grammaire | Sauts de peur et hurleurs

Ouverture | Citation

Reconstitution de souvenirs, récit, accompagnés d’une voix-off

Réalisation > Accessoire et compagnie

Animal | Requin

Réalisation > Audio

Bruit générique | Chat

Réalisation > Surprise !

Faux suspense !

Scénario > Blague, gag et quiproquo

Calembour

Gag cartoonesque | Passe à travers une bouche d’égout ouverte (NOUVEAUTÉ)

Gag cartoonesque | Projeté·e exagérément loin/ébouriffé.e sous l’effet d’une décharge électrique

Pipi, caca, prout

Scénario > Contexte spatio-temporel

Cérémonie d’enterrement / de funérailles

Scénario > Dialogue

Sous-entendu sexuel

Scénario > Élément

Mort | Stupide

Scénario > Ficelle scénaristique

Cauchemar | Se réveille en hurlant/en sueur/en sursaut

Faux suspense | cri de passion/d’enthousiasme/de comédie pris pour un cri de terreur (NOUVEAUTÉ)

Faux suspense | Se réveille d’un cauchemar dans un autre cauchemar... avant de se réveiller pour de bon (NOUVEAUTÉ)

Introduction forcée d’un élément dont on sait d’avance qu’il servira plus tard (fusil de Tchekhov)

L’univers est petit

La chatte à Mireille

Thème > Rejets, moqueries ou discriminations

Accents étrangers caricaturaux

Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes

Objectification sexuelle | Reluque une femme

IncredulosVultus
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le 6 sept. 2024

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