Cela fait plus de vingt ans que les pisse-froids nous assènent que Tim Burton est décrété mort pour la cause cinématographique et que son dernier bon film, c'est Sleepy Hollow : La Légende du Cavalier sans Tête. Quoique, même certains fieffés exégètes vous diront que son certificat de décès daterait plutôt de Mars Attacks, voire Ed Wood.
Soit un encéphalogramme désespérément plat depuis 1999.
Nous sommes donc sommés d'oublier Charlie et la Chocolaterie, le formidable Sweeney Todd, ou encore le tendre Frankenweenie. Tandis que le masqué ajoutera quant à lui à sa liste, le très sympa geste anar que constituait à ses yeux le remake de Dumbo.
Soit une ultime tâche sur le CV du bonhomme, qui, sommet de la disqualification honteuse, s'était en plus vendu au grand Satan Disney.
Et voilà que Burton cède aujourd'hui à la mode de la suite tardive, histoire de ressusciter un autre film-doudou et de revenir aux racines de son art et de sa patte ?
S'il était illusoire d'espérer que Beetlejuice Beetlejuice se porte à la hauteur de son aîné, ou qu'un sentiment de fraîcheur et de surprise pouvait être émulé, il rappellera cependant aux grincheux que son réalisateur est loin d'avoir déjà creusé sa tombe.
Le plus réjouissant, c'est de constater que le dernier-né renoue tout simplement avec le petit grain de folie qui faisait le sel du cinéma de Tim Burton. Et qu'il négocie la plupart des pièges tendus avec une certaine malice et en détournant certaines attentes. Délirant, rocambolesque et foutraque, le film fourmille d'idées sympas et de saillies drolatiques fidèles à l'univers dessiné en 1988, tout en le complétant et en l'enrichissant. Burton, lui, ose de nouveau frôler le non-sens, à l'image de sa dernière ligne droite qui n'a vraiment peur de rien en alternant le rire et la danse macabre
Michael Keaton, lui, se montre encore une fois à son aise et semble s'être amusé comme un petit fou dans la reprise d'un autre de ses rôles les plus emblématiques. Quant aux seconds rôles, même si certains ne sont pas foncièrement utiles à l'avancée du récit, sont prétexte à convoquer un casting royal qui, lui aussi, prend plaisir à incarner les facéties de l'ami Tim. Il n'y aura que Jenna Ortega qui ne cadrera pas totalement dans cet enthousiasme ambiant, tant son incarnation de la gamine boudeuse sera assez vite très limitée et monocorde.
Et si le film semble avoir tout d'abord un petit peu de mal à pleinement démarrer, le sourire macabre qu'il affiche constamment emporte finalement toutes les maladresses sur son passage pour permettre à ce drôle de cimetière de fêter dignement Halloween et de danser sur ses tombes.
Quant à ce bon petit diable de Beetlejuice, on aurait presque envie de prononcer trois fois son nom pour le revoir à nouveau hanter les salles de cinéma...
Behind_the_Mask, dead can dance.