2h22, sans doute l'heure où quelqu'un a décidé de gâcher une superbe idée de romance temporellement contrariée par un traitement mystico-débilo-niais...
Alors que l'observation d'une étoile sur le point de mourir affole les médias new-yorkais, Dylan, un contrôleur aérien, évite de peu la collision entre deux avions après avoir eu une absence à 2h22. À partir de ce moment, l'homme se met à observer tout un tas de phénomènes récurrents dans sa vie quotidienne (accidents de circulation toujours à la même heure, des faits et gestes similaires d'inconnus, etc) qui semblent tous conduire à un évènement dramatique à l'intérieur de la gare Grand Central... à 2h22, évidemment.
En parallèle, le beau contrôleur des airs a un méchant coup de coeur pour une jolie sosie de Teresa Palmer (on peut le comprendre) née le même jour que lui et qui était justement dans un des avions qu'il a sauvé de la catastrophe. Ah, et la belle travaille pour une exposition se nommant "Convergence" au cas où vous n'auriez pas compris que tout ça n'a rien d'une coïncidence...
Les premières minutes vendent déjà à moitié la mèche de l'histoire qui va suivre en nous rappelant peu subtilement que la lumière plus vive qu'à l'accoutumée d'une étoile dans le ciel est un écho visuel lointain de sa mort. Ce sera bien sûr la clé de toute cette affaire où les balbutiements de l'histoire d'amour parfaite vécue par le héros ne sera pas le fruit des hasards et sera intimement liée aux phénomènes de répétitions temporelles dont il est le témoin. Le problème, c'est qu'il va mettre une bonne heure du film à comprendre la finalité de tout ça et, pendant ce temps, le spectateur va devoir s'infliger une romance particulièrement creuse et mièvre entre des personnages artificiels auxquels il est bien difficile de s'attacher, un vrai problème quand on sait que celle-ci doit se poser en centre névralgique du film. De plus, l'observation des récurrences temporelles n'a rien de bien fascinant en devenant aussi répétitive par son cheminement quotidien que grotesque lorsque le héros se met à voir des étoiles comme un illuminé pour établir des schémas ou que tout explose invariablement à la gare sans que personne ne se pose la moindre question. Bref, on s'ennuie mortellement devant les réflexions d'un héros sur lequel on envisage un sérieux bottage de fesses pour le mettre rapidement sur la bonne voie.
Et puis, miracle, notre contrôleur aérien dénué de charisme comprend enfin de quoi il en retourne derrière cette "prédestination" dont il semble être victime (en partie grâce au hasard d'une séance de sport qui tourne mal, il fallait bien ça pour achever de nous convaincre de son manque d'intelligence ), on se met alors à rêver que le bonhomme va ensuite tilter sur la conclusion dramatique à venir de cette histoire et tout faire pour l'empêcher mais non, il faudra attendre le dernier quart d'heure (il faut bien faire monter la tension aussi) pour que celui-ci se bouge et tente de stopper une situation que toute le monde avait anticipé depuis une bonne heure à part lui...
Heureusement que quelques jolies et rares fulgurances traverseront le long-métrage (le ballet aérien, l'exposition, la scène finale) ou que la musique absolument magnifique composée par Lisa Gerrard et James Orr lui donnera un véritable coeur (la conclusion atteint une toute autre dimension grâce à elle) car, au final, "2h22" n'est que le lointain écho d'une belle idée qui a probablement dû mourir il y a bien longtemps lors d'une collision avec une immense météorite d'ennui et de mièvrerie totalement superficielle.