La dérive des confidents.
Vincent Macaigne est un type qui a toute ma sympathie, sans que je me l’explique vraiment. Sa maladresse, sa spontanéité, ses cheveux longs mal assortis à sa calvitie, et surtout sa voix brisée et nasale lui confèrent un cache touchant et profondément authentique. (Spéciale dédicace à guyness)
C’est aussi et surtout un comédien qui touche à des projets souvent singuliers. Si Tonnerre était de facture relativement classique, La fille du 14 juillet donnait un bon aperçu des univers qu’il fréquente. Le film de Sébastien Betbeder s’y inscrit pleinement.
La majeure partie du film fonctionne sur le principe de la transgression narrative. En cut, les personnages témoignent de leur passé, devant des fonds assez laids, comme pour des documentaires télévisés, et vont jusqu’à interrompre les scènes pour les commenter face caméra, dans une sorte de voix off verbalisée. La distanciation est donc maximale, le film ne cessant de brandir qu’il est une œuvre de fiction tandis que ses personnages dissertent d’ailleurs sur d’autres œuvres, de Judd Apatow à Alain Tanner ou sur l’actualité, de Koh Lanta aux mineurs chiliens.
Sur ce bordel narratif se calque une histoire volontairement étique : celle d’une double rencontre amoureuse et de ses conséquences sur la vie, qui a la fâcheuse tendance à côtoyer la mort, qu’elle se manifeste par un coup de couteau ou une AVC. Bien décidé à ne pas se laisser emporter par les élans du pathos, Betbeder laisse ses personnages se démener gentiment et témoigner de l’épreuve de la caisse à Simply Market, la messe de minuit en province ou des décisions à prendre quant à son avenir.
On comprend assez vite le jeu structurel proposé : le témoignage des personnages laisse penser que nous nous trouvons face à un événement qui nécessite un tel dispositif. Il n’en est évidemment rien, si ce n’est qu’on nous parlera de la vie quotidienne et du temps qui passe, comme l’indiquait le titre. C’est touchant, assez bien joué, mais finalement bien artificiel, et l’on ne peut pas dire que le parti pris formel transcende réellement le caractère éculé du sujet.