(1967. FR.: Deux croix pour un implacable. ITA.: Due croci a Danger Pass.
Vu en VOST, édition DVD SNC-M6-Fluide Glacial)

Alors enfant, Alex Mitchell (Peter Martell) assiste impuissant aux meurtres de son père, sheriff de Danger Pass, et de sa mère, ainsi qu’à l’enlèvement de sa sœur Judy. Tout ceci est l’œuvre de Moran (Armando Calvo), riche propriétaire terrien exerçant un véritable racket sur la région. Après avoir été recueilli par une famille de quakers très religieux, et malgré leur éducation pieuse, Alex, devenu adulte, ne songe qu’à se venger et quitte le foyer familial en compagnie de son « frère » Mark (Luis Gaspar), qui compte l’empêcher de succomber à la violence…


Le réalisateur espagnol Rafael Romero Marchent (Garringo, Un par un sans pitié…) fait partie des nombreux artisans du Western italien, italo-espagnol pour le coup, désormais oubliés. Bien que ses films peuvent être considéré comme mineurs, il apporta sa touche tragique et classique à ce genre aux multiples représentations. Dans ce Deux croix…, c’est encore et toujours le thème de la vengeance le fil d’Ariane du film. A l’instar de nombreux westerns (La mort était au rendez-vous en 1967, Requiescant en 1967, Le grand silence en 1968…), le massacre familial, dans une bonne première scène de fusillade, est ici le déclencheur de l’histoire.
Notons aussi la place importante de la religion (les deux croix, les sermons de Mark…) qui nous fera songer au Requiescant de Lizzani, où un orphelin était sauvé par un prêtre, et accomplissait ensuite sa vengeance, armé de sa bible. Parmi les références, citons-en une dernière qui sautera aux yeux des spaghettophiles. En effet, dès le départ le fils Moran (Mario Novelli, aperçu dans Milan Calibre 9 en homme de main de Stander) nous rappelle Nino Castelnuovo en fils indigne dans Le temps du massacre de 1966 par ce côté exalté, presque drogué…L’apparition du fouet et les coups portés à Judy finiront de nous en convaincre !
Evacuons directement les défauts du long-métrage : une image des plus sombres dès que le soleil se couche (et il y a beaucoup de scènes de ce type), des fusillades sympathiques mais assez désordonnées et confuses, un scénario pas très original et encore quoique puisque un personnage principal est rapidement refroidi à notre grande surprise, Nuccia Cardinali faisant du « playback » (il semble que ce soit la femme d’Alessandroni qui chante) … Toutefois, Marchent n’est pas un manchot et nous le prouve à de nombreuses occasions comme lors de la première et dernière séquence avec notamment un Martell complétement fou à deux doigts de violenter l’unique survivante des Moran (l’exquise Dianik Zurakowska). En parlant d’un Martell dingue, comment oublier cette scène où il cogne son frère qui l’empêche de frapper cette fameuse fille. Plus généralement le duo Gaspar-Martell fonctionne bien et apporte à la fois de la légèreté et du fond au film. Le fouettage en règle de Judy par le fils Moran, comme la mise à mort du pauvre Chris Huerta, coupable d'un peu trop d'enthousiasme envers la copine de Novelli, restent des moments forts également.

Le casting est dominé ici par Martell (alias Pietro Martelenza) qui devait apprécier les rôles tragiques, l’ayant vu en effet dans deux autres westerns du même genre, Ciak mull et Les pistoleros de l’Ave Maria. Très bon acteur du Bis, très sous-estimé, et qui prouve ici en premier rôle qu’il méritait une carrière tout autre. Son personnage de beau-gosse obnubilé, dévoré par la vengeance est saisissant. Luis Gaspar, le jeune dans la première scène de Colorado, est également crédible en chrétien cherchant à empêcher les funestes desseins d’Alex. On oscille ainsi entre le comique de répétition et une certaine approche morale, religieuse du sujet. Mario Novelli est excellent en fils à papa, transi de haine lui-aussi. Armando Calvo, Antonio pica (le sheriff traître), Miguel del Castillo ou Mara Cruz (Judy) complétent un casting de qualité.


Enfin, la B.O. est des plus réussies, ce qui n’est pas une surprise, puisqu’il s’agit là d’une composition de Francesco De Masi (Tuez-les tous revenez seul, Lonewolf McQuade…) assisté de son chanteur Raoul. Elle est malheureusement introuvable…

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le 29 janv. 2021

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