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Voici cinq années en pleine torpeur estivale, 2 Days in Paris, le film de Julie Delpy nous avait apparu comme une comédie drôle et vacharde, sans langue de bois, capable de renvoyer dos à dos français et américains en moquant avec un humour grinçant et salvateur les tics de chaque nationalité et dressant au passage un tableau non dénué de justesse du milieu artistique parisien. En 2012, Marion Dupré, séparée de l'hypocondriaque Jack, vit à présent à New York avec Mingus, animateur de radio, et s'apprête à recevoir son père, à présent veuf, et sa sœur et à présenter sa prochaine exposition.

Toujours articulée autour de la figure du couple – et le tandem constitué par l'actrice-réalisatrice et le comédien noir de stand-up Chris Rock fonctionne particulièrement bien, lorgnant par leurs échanges houleux et bavards vers l'univers d'un Woody Allen – la nouvelle comédie de celle qui continue à partager sa vie entre Los Angeles et la France fait davantage la part belle au microcosme familial (la disparition de la mère plane tout au long du film) et abandonne l'opposition entre les cultures américaine, résumée par la malbouffe et l'inculture, et française, cantonnée dans le comportement grossier et sans-gêne du père de Marion, enfermé de plus en plus dans le rôle du vieil obsédé, pétomane et anarchiste (il n'a pas perdu sa manie de rayer les voitures en stationnement). Hormis quelques bonnes idées : la voix off de la réalisatrice du Skylab qui synthétise les étapes et les projets de son existence, le refus de filmer un New York de cartes postales qui amène à concentrer les visites des touristes français en une enfilade accélérée d'instantanés, la symbolique du souvenir de la défunte et surtout le rendez-vous inattendu avec celui qui a acheté l'âme de Marion, le film s'enlise très vite dans la caricature et une certaine paresse – ce qui était déjà le cas dans le long-métrage précédent de la cinéaste. Les répliques dans un langage cru et guère châtié, les prises de bec et les crêpages de chignons entre les deux frangines et la douce folie du père ne suffisent hélas pas à rendre drôle et passionnante cette comédie mal foutue et qui part dans tous les sens. La double implantation géographique de Julie Delpy ne semble déboucher sur rien de très nouveau, s'embourbant à l'inverse dans les poncifs et autres lieux communs. Elle joue au final sur les mêmes registres que dans l'opus parisien, mais cette fois, la surprise n'est plus au rendez-vous, la cruauté et la vivacité du regard ont fait place à un repli sur la cellule familiale dont les vicissitudes bien anodines et conventionnelles nous font à peine sourire quand elles ne finissent pas par nous ennuyer.
PatrickBraganti
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le 28 mars 2012

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