Les années 90, ses nombreux films cultes, ses réalisateurs au sommet de leur art, ses acteurs iconiques, … Mais les années 90, c’est aussi tout un tas de bobines plus confidentielles, sorties parfois dans l’indifférence la plus totale, souvent en direct to vidéo. Du coup, j’aime aller piocher dans ces petits films méconnus à la recherche de petites perles, ou au moins de trucs funs à regarder comme c’était le cas avec C’est pas mon jour (1998) de Skip Woods. Et lorsque je suis tombé par pur hasard sur le film 2 Jours à Los Angeles (2 Days in the Valley en VO), avec son casting rempli de têtes connues et sa bande annonce annonçant une comédie noire à tendance Tarantino / Frères Coen, je me suis dit « pourquoi pas ». Bah c’est vrai quoi, on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise.
2 Jours à Los Angeles va nous présenter une belle brochette de personnages parfois bien barrés : un flic qui a besoin de reconnaissance et son collègue bien bourru et irritable, un assassin méticuleux très à cheval sur le temps, un vieux tueur sur le retour, ancien pizzaiolo, qui est trop gentil pour son métier, un homme d’affaire insupportable et sa secrétaire effacée qui lui est complètement dévouée, un écrivain / réalisateur aux tendances suicidaires qui adore son chien, une victime bien plus maline qu’il n’y parait, et encore d’autres … Ils vont être dispatchés dans diverses intrigues qui, au début du film, ne semblent avoir aucun lien ensembles mais qui vont bien entendu finir par être liées à fur et à mesure qu’elles vont se dérouler avec pour décor un Los Angeles en pleine canicule. Les intrigues vont s’installer, on passe de l’une à l’autre, on voit rapidement vers où certaines vont aller, pour d’autres c’est bien plus flou. Certains personnages commencent à prendre de l’importance et on sent qu’ils seront les « déclencheurs ». Certains sont plutôt marquants à l’instar de Charlize Theron (Monster, Mad Max Fury Road) dans un de ses premiers rôles, plus sexy que jamais, Danny Aiello (Leon, Hudson Hawk) qui s’éclate à préparer un plat de pâtes pendant qu’il prend des gens en otage, ou encore James Spader (Stargate, Wolf) en tueur calculateur. Mais très rapidement, on a cette désagréable impression que le réalisateur / scénariste John Herzfeld (15 Minutes, Bill Bobby Z) ne sait pas quoi faire ni de ses intrigues, ni de ses personnages. Un peu comme s’il en avait trop mis, et qu’au bout d’un moment il n’arrivait pas à leur donner un final commun.
Certaines intrigues ne sont pas assez développées alors qu’elles auraient pu être intéressantes, d’autres ne servent au final à rien (celle avec le salon de « massage ») car elles n’impactent aucunement le scénario. Même chose en ce qui concerne les personnages. Certains sont un peu mis sur la touche au profit d’autres, certains ne servent pas à grand chose (celui de Jeff Daniels) car ils n’apportent rien à l’intrigue. Comme ils sont très nombreux, ils ont parfois du mal à avoir des interactions correctes les uns avec les autres. Du coup, dur d’avoir un minimum d’empathie pour bon nombre d’entre eux. C’est dommage car certaines scènes font preuve d’un humour pince-sans-rire pas désagréable, d’autres font mouche avec leur excès de violence graphique, d’autres enfin simplement par leur côté sexy (le combat Teri Hatcher / Charlize Theron). On ne s’ennuie pas, il se passe toujours quelque chose, mais tout ça manque clairement de développement et de liant. On est même en droit de se poser la question s’il ne manquerait pas des scènes, si le film n’aurait pas été charcuté au montage. L’ensemble fait parfois assez artificiel, souvent forcé, et malgré des dialogues sympathiques, bien écrits, la sauce ne prend pas vraiment, un peu comme si John Herzfeld avait eu les yeux plus gros que le ventre et n’était pas arrivé à accoucher de ce qu’il voulait.
Alors qu’il avait tout sur le papier pour être une petite comédie noire fun, 2 Jours à Los Angeles se perd dans ses multiples sous-intrigues et ses personnages beaucoup trop nombreux. Il en résulte un film pas désagréable, mais qui au final fait pschitt.
Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com