Tout le monde n’a pas la chance de pouvoir passer le réveillon en famille. Certains doivent se résigner à accomplir la même tâche sans intérêt pour laquelle on les a embauchés. Mais il suffit également d’une panne de voiture pour tout ruiner. Après avoir été retenue plus longtemps que prévu, la belle Angela va devoir passer sa soirée en mauvaise compagnie, faute de pouvoir atteindre le taxi qu’elle avait fait affréter spécialement pour l’emmener festoyer avec son entourage. Tous les accès demeurent bloqués, et il semble évident que quelqu’un cherche à la retenir contre son gré. Peut-être aurait-elle du se montrer un peu plus reconnaissante envers le gardien du parking souterrain, en acceptant de passer du temps avec lui.


Après tout, il n’y a rien de plus triste et aliénant que de devoir passer ses nuits à écouter des tubes d’Elvis avachis devant son pc de sécurité. Quand les promenades nocturnes et le comptage de voiture ne suffisent plus à tuer le temps, il reste la possibilité de regarder les enregistrements des caméras et de fomenter des scénarios pour échapper à l’isolement. Le déni existentiel est également une précieuse alliée, surtout quand les sentiments amoureux se joignent à la fête. Et l’avantage d’avoir un point de vue omniscient et de posséder toutes les clés, permet aussi de pouvoir provoquer des rencontres toutes sauf anodines. Voire de connaître les moindres faits et gestes des gens jusqu’à certains de leurs secrets les plus inavoués.


2ème Sous-Sol est typiquement le genre de film où les trentenaires solitaires tels que l’auteur de ces lignes s’associent plus facilement au méchant qu’à l’héroïne. Le genre de sociopathe tentant vainement de tendre une perche aux gens en agitant une pancarte affublée d’un «Coucou, moi aussi j’existe !». Le film esquisse brièvement l’individualisme forcené des gens, l’aliénation au travail, les incivilités et la décadence de nos sociétés occidentales, pour finalement dériver vers un thriller plus rentre-dedans. Le gardien qui d’apparence naïf, serviable et bienveillant, va se comporter de façon psychotique pour forcer Angela à dîner aux chandelles avec lui. Et comme chacun le sait, on obtient jamais rien d’une femme sous la contrainte. Dès lors, on ressentira autant d’empathie pour cette dernière que pour cet homme tourmenté, semblant souffrir d’une sévère crise de frustration refoulée.


Dommage, le portrait esquissé de l’antagoniste se limitera à une bête psychologie de comptoir, prétexte à jouer les boogey-man de base. Le sentiment de malaise s’évanouira donc rapidement pour aboutir à une chasse à la bombasse dans le parking souterrain, sans que le réalisateur ne parvienne à mettre en valeur la topographie de son environnement. Jamais nous ne ressentirons le sentiment d’enfermement. Par ailleurs, l’intrigue emploie pas mal d’éléments et de passerelles scénaristiques qui pourront faire grincer des dents, comme l’interminable attente d’un appel adressé au 911, la visite inopinée de deux policiers passant totalement à côté de ce qui nous saute pourtant aux yeux, ou bien un cellulaire lâché des mains d’Angela pour atterrir devant la grille lui barrant la sortie. Et oui c’est malin…


Outre les parties de cache-cache incessantes, il faudra compter sur une poignée de séquences accentuant artificiellement le tensiomètre, à l’image de cette tentative de noyade dans une cage d’ascenseur, de ce cadeau au motif meurtrier dont Angela se serait bien passée, ou de cette série de gros plan sur son décolleté plongeant. On s’attendait un peu à mieux de la part de Frank Khalfoun au vu des promesses marketing et de la synergie opérée par le duo Alexandre Aja et Grégory Levasseur, coscénaristes et producteurs de ce huis clos sous «haute tension», qui ne sort jamais des sentiers balisés. Finalement, et à l’instar de son rottweiler, 2ème Sous-sol aboie plus qu’il ne mord. Reste l’originalité de composer avec les festivités de Noël en toile de fond, ce qui en complément d’un bon vieux Piège de Cristal devrait pouvoir égayer votre réveillon si vous êtes seul à la maison.


En cette période de festivités où il convient de se réunir en famille, d'ouvrir les cadeaux et de déguster une bonne pintade fourrée. L’Écran Barge vous propose de déterrer la hache de guerre en pervertissant l'esprit de Noël. Cette sélection de films saisonniers accompagnés de critiques virulentes et acerbes est donc réservés aux viandards, aux bisseux, aux tueurs de masses, aux durs à cuirs, aux frustrés et à tous ceux qui ne croient plus aux bons sentiments et à la paix dans le monde depuis bien trop longtemps.

Le-Roy-du-Bis
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