Parfois le sort ne cesse de s’acharner, et les majors Hollywoodiennes de produire de nouvelles suites et de nouveaux calvaires à faire endurer à leurs héroïnes comme Ellen Ripley. On lui avait enlevé son équipage, ses amis, son brevet de pilote ainsi que sa fille. C’est désormais sa féminité ainsi que sa nouvelle famille recomposée que les scénaristes vont venir fossoyer. Si l’USS Sulaco reprenait le chemin de la terre pour que son équipage puisse enfin couler des jours heureux, c’était néanmoins sans compter sur la présence d’un passager clandestin à bord de la navette, un facehugger perturbant le bon déroulement du voyage et le sommeil de tout l’équipage catapulté contre leur gré dans une capsule de sauvetage. Les rescapés avaient fui l’enfer de LV-246 pour finalement en retrouver un nouveau, celui des hauts fourneaux de la colonie minière de Fiorina 161, une planète servant de pénitencier pour les détenus les plus dangereux de l’univers. Ripley devra néanmoins en arpenter les dangers sans l’aide de ses compagnons plus infortunés qu’elle ; enfin simple question de vue ; puisqu’ils ne survivront pas à l’impact de l’atterrissage contrairement à l’alien qui va reprendre de plus belle sa croisade contre les colons de cette prison inhospitalière. Comme il est désormais de coutume, le nouvel épisode de la saga Alien échouera dans les mains d’un nouveau cinéaste prometteur. Après l’anglais Ridley Scott, et le canadien James Cameron, c’est au tour de l’américain David Fincher d’attiser la flamme de l’effroi.


Mais avant d’en arriver à ce choix, la patate chaude est passé entre de nombreuses mains qui y ont apportés plusieurs couches de réécritures successives et de franches ruptures de ton avec l’opus précédent. Renny Harlin apporte l’idée de cette planète prison habité par des prisonniers possédant un double chromosome Y. Vincent Ward suggère quant à lui un ordre monastique ce qui va en partie conférer à cette suite une dimension christique. Le cachet de Sigourney Weaver s’élevant déjà à 5 millions, les moyens investis dans cette entreprise mettront en péril l’équilibre financier de la Fox qui mettra la pression au jeune réalisateur David Fincher alors fraîchement débarqué sur le projet après s’être fait connaître comme clipeur pour des artistes tel que Madonna ou Aerosmith. Galères, disputes, contraintes technique et différents artistique seront son pain quotidien avec ses producteurs et cooscénaristes David Giler et Walter Hill qui espéraient un réalisateur plus influençable, probablement moins perfectionniste aussi. En avançant une date sortie précipité alors même que l’écriture du scénario n’était pas encore achevée, la société a scié la branche sur laquelle elle était assise, générant un chaos sur le tournage et plusieurs conflits entre les différents parties. Mais que serait un film Alien sans une gestation particulièrement douloureuse ? Le climat délétère infusera les rapports entre les différents protagonistes quand leur quiétude spirituelle sera considérablement malmenée par l’arrivée d’une femme puis d’un loup dans la bergerie. Les décisions de se séparer du caporal Hicks et de Newt participeront à rendre le film d’autant plus impopulaire auprès du public, d’autant que l’acteur Michael Biehn ira jusqu’à intenter un procès finalement avorté par la production qui lui offriront un dédommagement s’élevant à hauteur de sa participation pour Aliens afin de pouvoir utiliser une photographie de son personnage.


Alien 3 serait-il le moins bon épisode de la saga ? Longtemps désavoué par le public et par la presse spécialisée, l’oeuvre sera néanmoins réappréciée à sa juste valeur avec le temps, notamment grâce à la sortie de cet assembly cut. L’échec critique est donc relatif, froidement accueilli aux Etats-Unis mais bien mieux reçu en Europe. Cette version plus longue affiche quelques différences narratives notables dans plusieurs passages clés (l’introduction et la conclusion diffèrent légèrement) comme le choix assez discutable de faire naître l’alien dans une carcasse bovine plutôt que celle d’un canidé. Dans l’ensemble ce montage permet de mieux apprécier le travail d’atmosphère opéré par le réalisateur dans l’usage des tons chromatiques, et de ses nombreuses compositions mettant en valeur son décor métallurgique à la fois mystique et souffreteux. Les personnages y gagnent d’avantage en profondeur ; et en laideur ; et apparaissent plus torturé que jamais sur le plan psychologique. David Fincher aura beau en avoir renié la paternité, le fait est qu’Alien 3 porte en lui l'embryon de ses obsessions artistiques. Finalement sa fin nihiliste a tout d’un ultime geste purificateur de la part de ce dernier qui à l’instar de son héroïne semble s’être résigné à abandonner sa création dans le creuset en fusion de l’industrie.


T’aimes l’odeur du blaster fumé au petit déjeuner ? Tu rêves de pouvoir voyager à travers d’autres dimensions afin de quitter ce monde de cons ? Rends-toi sur L’Écran Barge où tu trouveras toute une liste de critiques dédiées à l’univers de la science-fiction, garanties sans couenne de porc.

Le-Roy-du-Bis
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le 14 août 2024

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