Ils mettent les pieds où ils veulent, et c'est souvent dans la gueule
Frank Miller est à la mode, après Sin City débarque une nouvelle adaptation d'une de ses oeuvre et, à nouveau, le principal mot d'ordre est de retranscrire l'atmosphère graphique.
Ainsi le réalisateur du fun (mais aussi assez con) armée des morts, Zack Snyder, choisi de faire un film entièrement sur fond bleu pour pouvoir composé exactement les décor qu'il veut et ainsi pouvoir coller au maximum avec les dessin de la Bande Dessinée. Force est de constater que de ce point de vue le contrat est rempli, la patine visuelle du film n'appartient qu'à lui et retranscrit plutôt bien les planches de Frank Miller.
Néanmoins un parti pris graphique aussi tranché et agressif n'est pas sans risques, certains pourront trouver ça parfaitement hideux et il est vrai que l'abus de contre jour éblouissant tout le long du film n'est pas forcément non plus très agréable. En tout cas le pari est culotté et même si on peut reproché le côté artificiel du rendu il faut bien reconnaître la cohérence de l'ensemble.
Ce parti pris à la limite du fantastique a aussi l'avantage d'effacer toute considération historique, on n'est clairement pas là pour faire une dissertation mais pour du spectacle.
Pour camper le roi Leonidas Znyder à choisi un acteur bien connu des nanardeux : Gerard Butler et, ho surprise, il se révèle à l'aise dans son rôle, il impressionne par son charisme autant que par sa grosse voix. C'est quand même dommage qu'il se limite à hurler pendant tout le film sans rien faire d'autre entre deux tueries. Les autres spartiates sont en retrait, les seconds rôles étouffent sous l'ombre d'un Leonidas tout puissant. Je ne parle même pas de Xerxes, insupportable, qui ressemble à Michel Serrault dans la Cage aux folles. Le plus étrange c'est que le seul personnage qui arrivera à être vraiment intéressant sera la reine de Sparte dont la personnalité ambigüe et la détermination apporteront un peu de profondeur à ce récit qui en manque cruellement.
Mais à ce niveau tout n'est pas rose puisque l'incorporation dans le montage de l'histoire parallèle concernant la reine de Sparte se révèle laborieux, ralentissant grandement le rythme en s'intercalant un peu n'importe comment. D'autant plus visible que le contenu de cette histoire est tout de même bien maigre pour la place qu'elle occupe... étonnant de voir que l'un des personnage les plus intéressant du film se révèle malheureusement inutile.
Au delà de ça inutile de chercher la moindre subtilité: les perses sont là pour tuer, piller, violer sans ordre de préférence. les Spartiates sont parfaits et la politique c'est un truc de corrompus... Aucune demi-mesure, on a laissé le lobe frontale en salle d'entrainement.
Après tout on est là pour la baston et comme Snyder n'a pas l'air intéresser par autre chose autant que ça claque. Là encore le film est un monstre de paradoxe puisque l'odyssée barbare et épique promise ne sera présente qu'au cours de 2 scènes : la première baston (ou l'on voit le génie militaire et la rigueur spartiate à l'oeuvre ) et la dernière (la stratégie qui tue).... Entre on s'embourbe, la faute à un spectacle incapable de se renouveler : passer le choc de la première bataille les autres confrontations sont bien plus plates et linéaires, les spartiate ne sont plus que des gros bourrins tapant sur tout ce qui bouge sans trop de discernement. Elles pourront être rigolotes par moment mais plus jamais intense.
Le gros fautif est Zack Snyder qui, en bon geek qu'il est, fait joujou avec ses nouveaux jouets et en oublie totalement le sens du mot "mise en scène". La violence du film ne ressort que peu souvent, annihilée qu'elle est par un réalisateur incapable de la restituer. Mention spécial au sang numérique simplement laid. A la moindre contraction de sourcil de Leonidas on a le droit à un ralent i: La cape de Leonidas s'envole ? Hop ralenti. Leonidas Dégaine ? hop ralenti. Leonidas fait l'amour ? hop ralenti. Leonidas réfléchit ? Hop... heu... non il ne réfléchit pas en fait... mais il l'aurait fait au ralenti, sans aucun doute. Tout le long du film on subit des ralentis et accélérés au moindre truc (le comble du laid arrive sur un fouet qui se cabre face à la caméra). Sur certains passages c'est bien utilisé : La transe de l'oracle magnifique ou la sortie de Leonidas (indéniablement LE moment fort du film) le montre. Seulement voilà l'effet revient de manière mécanique et injustifié tous les 3 plans, prouvant que le réalisateur n'a même pas cherché à penser sa mise en scène. Le film en vitesse réelle doit durer bien une demi heure de moins.
Alors que la caméra cherche à iconiser ses demi dieux on ne voit plus que des body builders à poil dans une gigantesque pub pour de l'huile corporelle. Le trait est trop forcé, trop d'esthétique tue le film qui finit par ne plus être esthétique du tout, juste lourd surtout quand, en fait, c'est moche.
L'odyssée barbare n'est soit jamais épique (encore aurait il fallu insuffler de la vie ou des émotions dans ce délire de geek) ni même franchement barbare, Conan peut dormir sur ses deux oreilles tranquillement. Gâchis principalement dû à un réalisateur atteint d'onanisme sévère qui s'oublie et qui rate complétement sa mise en scène. Il se contente d'utiliser n'importe comment et ad nauseam 2/3 gimmicks pendant 90 minutes... ça ne fait pas une mise en scène.
Il noie donc l'impact de ses séquences dans ses élans de n'importe quoi. Certaines scène surnagent miraculeusement mais l'ensemble est aussi décevant que fatiguant. Si c'est ça le "Cinéma de demain" comme veulent bien le dire certains bah désolé les gars, je préfère celui d'hier au moins c'était du Cinéma.