300 Hommes est une plongée objective dans le centre d’hébergement et de réinsertion sociale de Forbin à Marseille. « J’ai 22 ans et j’ai rien à faire, c’est pas une vie ». Cette phrase d’un jeune que l’on croise dans les couloirs est un point important de ce documentaire. Forbin est un centre qui stagne, qui ne voit pas ses conditions s’améliorer. Il répète chaque jour le même refrain et très souvent avec les mêmes sans-abris. Sa seule volonté est d’offrir un toit « provisoire » à ces « morts-vivants ». C’est comme leur permettre une pause dans leur quotidien qu’ils traînent derrière eux. Pendant ce temps, ils sont nourris et n’ont pas accès à l’alcool. Filmé de façon globale avec de nombreux plans larges, les cinéastes s’arrêtent de temps en temps sur des portraits touchants ou drôles sans jamais juger. Filmé aussi bien la nuit que le jour, 300 Hommes dresse avec douleur certains profils mais aussi le difficile métier des veilleurs, qui se doivent de refuser des entrées pour des raisons de quotas, en leur conseillant d’appeler le 115 pour y passer la nuit à La Madrague. 300 Hommes est un huit-clos bouleversant sur ces hommes transparents que l’on croise chaque jour dans un décor qu’on ne regarde même plus.