300 : La Naissance d'un empire par Pod607
Et pourtant, je pensais pas qu'il pourrait m'arriver pire cette semaine que de voir la VF de la bande-annonce de Her.
La première réaction que j'ai eue en sortant de la salle, c'est "Pire film 2014".
Ce à quoi on m'a répondu "Pire que Pompéi?!" et "Mais on n'est qu'en Mars !".
En effet on n'est qu'en Mars, mais ce 300 : Rise of an Empire met la barre très très haut et je crois qu'on va devoir attendre les échecs de la série de blockbusters de 2015 pour voir pire.
Là où Pompéi n'est qu'un blockbuster classique, plat et bancal, 300 RoaE est bien pire, c'est du foutage de gueule sur pellicule.
Le premier 300 avait un peu choqué à cause de son visuel, très propre à Snyder, bardé de filtres et de textures à n'en plus finir, au point de ressembler à ces films en images de synthèse comme l'immonde Beowulf de Zemeckis (Mais en mieux quand même.).
Là, même moi qui suis très open sur les graphismes kitsch, je suis choqué.
Le film s'ouvre sur la séquence où Xerxes marche à cheval sur les corps des 300 spartiates et de Leonidas, que vous pouvez voir en introduction du trailer dispo sur SC. Vous ne remarquez rien? Ah si tiens, le sol et les corps sont plats. Le cheval marche sur un sol vert, et rien à foutre on balance ça dessus. C'est encore plus flagrant avec la fausse 3D du cinéma. On était à 8s dans le film j'étais déjà en train de pleurer intérieurement.
L'ensemble du film se déroule sous la pluie (sa fé d4rk), on a donc droit à un superbe filtre avec effet de pluie qui est oublié sur la moitié des plans, et précisons bien sûr que c'est de la pluie qui ne mouille pas, tout comme les vagues.
Trois bons quarts du film se déroulent lors de scènes de batailles au ralenti (Si on passait tout le film à vitesse réelle il durerait 35 minutes et j'aurais déjà bouffé). Bon, passe encore, c'pas la suite de 300 pour rien. Mais voilà, quand des gens se foutent sur la gueule, y'a du sang. Et là. ET LÀ.
MON DIEU MAIS QUEL RÉALISATEUR LAISSE FAIRE ÇA. Les effets de sang les plus dégueulasses du 21ème siècle en action devant mes yeux ébahis. Je me suis senti visuellement violé.
Une espère de mélasse immonde couleur confiture de cerises qui jaillit en quantités industrielles à 8m de chaque blessure. Et des blessures, y'en a au rythme de 1 à 3 par seconde sur les scènes de combat au corps à corps. C'est monstrueux.
Et précisons là encore, que bien qu'il en pleuve des litres, le sang a le bon goût de ne pas tâcher les armes ni les gens autour, et ça, c'est beau. J'imagine bien le réalisateur donner les consignes "Bon alors on met le paquet sur les effets visuels. Mais on en oublie la moitié, c'est artistique.".
Autant l'esthétique chelou de Snyder peut déranger comme se justifier, autant ça, ça m'a juste donné l'impression qu'on me balançait la post-prod à la gueule. Je me suis senti insulté en tant que spectateur.
Avec ça, tout ce que Eva Green et Lena Headey peuvent envoyer de charisme par leur seule présence est immédiatement annihilé par l'anti-charisme colossal que Sullivan Stapleton (C'est qui?) dégage. Foutredieu, si les troupes grecques avaient eu droit à ce discours d'encouragement lors de la bataille de Salamine, l'Europe serait encore perse au moment où j'écris cette critique.
Jack O'Connell, que je me faisais un plaisir de revoir, est spectateur de son film.
Les dialogues, qui n'ont cette fois-ci pas bénéficié de l'écriture de Frank Miller, sont d'un vide intersidéral. "Ouiiii, la vengeance, toussa", et, arrêtez-moi si je me trompe, c'était le seul dialogue du film répété 8 fois.
D'ailleurs, il y avait un soin apporté aux tournures de phrases dans le premier 300 ("Spartans , ready your breakfast and eat hearty, for tonight, we dine in hell !"), pour faire genre c'est du vieux langage d'il y a 2500 ans (Pour faire genre, hein, parce que SCOOP : Les spartiates ne parlaient pas anglais).
Là on s'en bat les reins, les dialogues auraient pu être écrits par des élèves à moi.
Y'avait un groupe de jeunes qui en sortant de la séance se moquait bien bien fort de ce qui est sûrement la pire réplique du film, "You fight harder than you fuck", élégamment sous-titrée par "Ton épée est plus dure que ta queue". J'ose même pas imaginer l'hécatombe que va être la VF. Et quelle horreur ça va être pour le doubleur de Stapleton.
(NB : Eva chérie, pense à faire un procès aux dialoguistes pour t'avoir fait prononcer cette horreur.)
Bref. Fuyez ce film comme la peste. Conseillez-le à votre patron et à votre ex. Trouvez-moi le numéro de portable d'Eva Green pour que je puisse lui faire mes condoléances.
Moi, je vais boire pour oublier, et me faire du souci pour l'avenir du blockbuster.