Crazy Clown Time
Le cinéma de Rob Zombie m’inspire le plus profond respect, un des rares réalisateurs de genre horrifique actuel sachant rester cohérent envers son univers en assumant sa démarche et ses références,...
le 19 sept. 2016
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Débarquant en Vod un peu partout dans le monde, il est temps de juger le nouveau film de Rob Zombie. Crownfunding oblige, la faute à des studios trop frileux à l’idée de ne pas faire des Insidious-like, le film aura mis presque un an à sortir. Mauvaise habitude pour nous d’attendre longtemps les nouvelles œuvres de réalisateurs majeurs n’ayant droit à aucune distribution. Au hasard : Green Inferno d’Eli Roth (2 ans et demi d’attente), Burying the Ex de Joe Dante (2 ans), The Ward de Carpenter (3 ans),… sinon à part ça on a trois Marvel et trois DC par an. Le problème est que cette longue attente crée une envie forcément plus forte que ce que le film aura à nous proposer. En général le premier visionnage se révèle décevant et on réajuste son avis au second. J’ai ainsi vu deux fois 31 avant de laisser mon avis plus objectif sur le nouveau film du réalisateur de The Devil’s Rejects, Halloween et The Lords of Salem. Il s’agit du Theatrical Cut (version courte), la version non censurée débarquant bientôt chez nous en BluRay.
Le film commence avec un superbe noir et blanc qui n’est pas sans rappeler celui du Kill Bill de Tarantino. La scène prend son temps avec un long monologue de Richard Brake jusqu’à une mise à mort inévitable. Rob Zombie commence donc son 31 avec de l’inédit (pour lui) mais du déjà vu (pour nous). Ca commence quand même bien on se dit, se frotter au style Tarantino n’étant pas à la portée du premier réal’ venu. La suite ne fera que confirmer (ou non) cette bonne première impression. Les choses se gâtent pourtant vite : les scènes suivantes d’exposition nous montrent un petit groupe d’amis forains voyageant dans leur van et qui au gré de conversations plus ou (surtout) moins intéressantes tentent de tisser un lien émotionnel avec le spectateur. Procédé inévitable et souvent vain dans le film d’horreur classique, Zombie ne parvient pas à créer l’empathie nécessaire, lui qui avait si bien réussi avec le trio de Devil’s Rejects ou de The Lords of Salem. Les vingt premières minutes sont donc ponctuées de dialogues vulgaires et de personnages pour l’instant sans grand intérêt. Le contraste avec la première séquence est impressionnant… et inquiétant.
Une séquence nocturne d’enlèvement complètement expédiée (cut, cut, cut) nous amène au cœur du sujet : le jeu 31. Survivre 12 heures à un jeu de massacre. Le reste du film oscille entre moments de couloirs lugubres et scènes de confrontations. Dans la forme si ses Halloween lorgnaient du côté de Carpenter et The Lords of Salem de celui de Jodorowski, ce 31 est clairement du Tobe Hooper-like. Couleurs saturées, musiques et décors de carnaval, jeu de massacre (à la tronçonneuse) dans de longs couloirs d’usine abandonnée,…
Le film rappelle donc le meilleur de Hooper tel que les Massacre à la tronçonneuse 1 et 2 ou encore le Crocodile de la Mort. Le défaut de 31 c’est le manque de fond. Zombie aurait pu livrer une critique de ces riches fous qui s’offrent chaque année une soirée de tuerie. Critiquer la différence sociale de la situation comme cela avait été fait dans Hostel ou American Nightmare. Mais non, le film restera un foutoir tout de même bien mieux maitrisé qu’un Maison des 1000 Morts (auquel il a été trop comparé en Festival). Une suite de scènes de confrontation avec des bad guys très caractérisés dans la forme et mémorables après visionnage. Caricaturaux mais dangereux. La bonne idée du film c’est qu’on ne sait vraiment pas qui va s’en tirer ou non. Tout le monde a sa chance : du noir à la blonde allumeuse, personnages d’habitude expédiés ad-patres dans le premier quart du film. Mais le problème de caractérisation cité plus haut fait qu’on s’en fout un peu… Pourtant le casting est plus qu’appréciable et si c’est toujours avec plaisir qu’on retrouve Sheri Moon Zombie la vraie révélation du film est Meg Foster (Invasion Los Angeles). Son personnage de battante lui va comme un gant et son temps de présence à l’écran est bien plus important que dans The Lords of Salem. Une redécouverte pour une actrice trop vite oubliée.
Rob Zombie livre son film le plus gore. Mais là où la première séquence est un exemple de maîtrise formelle, les séquences de confrontation souffrent d’un manque de lisibilité. Trop de shaky-cam empêche de suivre correctement l’action au point de ne pas savoir où certains coups sont portés ni où se situent certains personnages dans leur environnement. Surprenant de la part de Zombie qui avait petit à petit occulté cette manière de filmer pour son Lords of Salem. Mais 31 se termine par une scène superbe, un ultime hommage au Massacre à la tronçonneuse original. Sur une musique d’Aerosmith (Dream On) le temps s’arrête. La tension est palpable, les couleurs naturelles sont superbes. Zombie signe sa plus belle séquence (tous films confondus) jusqu’à un générique de fin qui laissera tout de même un petit goût d’inachevé. Les coupes au montage sont visibles (qu’est devenu le chauffeur du van , d’où viennent les kidnappeurs, comment les personnages sont introduits dans l’usine où se déroulera le jeu, etc). Le tout parait trop expédié pour être la véritable vision de Zombie, on s’en doute, et il faut en prendre compte.
31 aurait pu être un meilleur métrage avec un peu plus d’ambition (et plus de moyens). S’il constitue un retour en arrière par rapport à The Lords of Salem artistiquement parlant et s’il n’est pas son meilleur film, il n’est pas le moins réussi non plus. 31 est loin d’être un ratage ou une compilation du savoir-faire de Zombie. C’est un bon divertissement fait avec du cœur mais peut être plus tout à fait avec la même envie. Il est temps pour Zombie d’aller explorer d’autres univers (tel ce projet de film sur une équipe de hockey des 70’s réputée la plus violente de la ligue). Le director’s cut débarquant en Décembre, j’attends de le voir pour juger 31 à sa juste valeur. En tout cas Rob Zombie, film après film, confirme son statut de réalisateur majeur du genre. Comme Tarantino chaque film qu’il livre est une oeuvre à part dans une filmographie qu’on espère encore longue et pleine de surprise. Crowfunding ou non…
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le 19 sept. 2016
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