Bienvenue dans le deep Midwest Américain, le dernier film de Martin Macdonagh.
Aux côtés de, pour ne citer qu'eux, Frances Mcdormand, actrice - de sa volonté - méconnue de la scène Hollywoodienne, Woddy Harrelson , un acteur qui émeut rien qu'avec sa gueule de tueur né, Sam Rockwell, avec cette capacité à jouer l'antipathie comme peu et enfin Peter Dinklage, décidément de plus en plus attachant.
On lit beaucoup de louange sur le scénario de cette oeuvre et en effet, 3 Billboards est très solide de ce côté-là. Mais s'il y a bien une chose que j'ai envie de mettre en avant en sortant de la salle, c'est l'écriture des personnages et donc forcément, avec des noms comme ça, des performances magistrales, inoubliables.
Frances Mcdormand est épatante, haïssable, touchante, captivante, elle livre ici son meilleur rôle depuis Fargo, mieux que Fargo de mon point de vue, plus accomplie. Elle souhaitait jouer la grand-mère de la jeune fille tuée, se trouvant trop vieille, au visage certainement trop marqué pour être une mère. Mais non, elle jouera bien une mère "white trash", peut-être à l'image de celle qu'elle a quittée à l'âge de deux ans pour suivre sa route dans une famille d'accueil.
Woddy Harrelson est bouleversant, il va vous faire pleurer dans une, voir deux scènes qui sont désormais gravées au panthéon de sa filmographie.
Sam Rockwell, simplement le meilleur rôle de sa vie. Récompensé par un Golden Globes du meilleur second rôle cette année, il est l'un des personnages les plus déroutants qui m'ait été donné de voir au cinéma, imprévisible mais de surcroît, sensationnel.
Même Peter Dinklage, malgré une présence moindre, est parfaitement maîtrisé.
Des individus ordinaires, joués avec une excellente justesse...
Il n'est pas étonnant de pouvoir apprécier ces prouesses, avec un contenu aussi riche que celui proposé par Martin Mcdonagh.
Le récit de ses personnages nous embarque dans une étonnante incapacité de jugement, chose que l'on ne peut s'empêcher de faire au quotidien et surtout au cinéma. Il est alors totalement impossible de se faire une idée définitive des protagonistes et c'est là que 3 Billboards devient un grand film, une grande fable...
Rarement le cinéma m'a évoqué de telles émotions, rarement l'équilibre entre rires et larmes s'est avéré aussi surprenant et efficace mais il faut aussi dire que rarement, le cinéma peut offrir une telle sublimation.