Manichéen

Cette note peut paraitre assez sévère, et cette moyenne contraste avec le manichéisme du film, critique principale que je formulerai à l'encontre de ce film.
En effet, tous les personnages sont blancs ou noirs, au sens propre comme au sens figuré: le téméraire chef de police Willoughby, le médiocre flic Dixon, le gentil fils Robbie, etc. Ces traits de caractère sont exacerbés, le chef flic parvenant par exemple à avoir de l'empathie pour la femme qui l'a humilié (jusqu'à prolonger lui-même son humiliation en finançant l'affichage); Dixon étant à la fois raciste, homophobe et stupide. Ce manque de finesse atteint son paroxysme à la lecture des lettres laissées par Willoughby après son suicide, contribuant à faire le bien autour de lui, et transformant le méchant Dixon en gentil.
Au sens propre, le film fait jouer des personnages blancs et noirs, et s'avère assez régressif tant la couleur de peau semble conditionner la personnalité des Hommes, les noirs ayant la plupart du temps un statut social inférieur, l'exception confirmant la règle lorsque c'est un noir qui vient remplacer Willoughby, un homme respectable désormais à la tête de policiers blancs souvent racistes.
Le film aborde donc la question du racisme avec peu de sagacité, et fait allusion en sus à tout un panel de sujets de société: l'homophobie, l'absurdité des lois, les abus sexuels au sein de l'Eglise et la foi, présentant un plus ou moins grand intérêt pour le scénario.
Ces impressions se renforcent au fur et à mesure du film. Je le regrette car le début s'avère être une mise en bouche prometteuse, bien tourné, avec une intrigue dans laquelle on rentre aisément. Je lui attribue tout de même quelques étoiles car le film reste agréable à regarder, notamment grâce la qualité du jeu des acteurs et la remarquable prestation de Frances McDormand.
Des regrets donc, qui m'ont laissé sur ma faim.