Il fait partie de ces films que je regrette de ne pas avoir pu voir au cinéma lors de sa sortie, mais voilà chose réparée à présent. Et je n’ai pas été déçu du tout sur ce film. Non seulement j’ai été surpris par une intrigue au finale très différente de ce à quoi je m’attendais ; mais en plus, le résultat final est de très bonne qualité. Je m’attendais à un film qui se centrerait sur l’enquête autour de la fille de Mildred, l’héroïne, et il n’en est rien.
Le film va affronter de face le combat quotidien de cette mère en deuil qui ne se définit presque plus que par ce combat contre le shérif et ses adjoints. Mais au-delà, le film va aussi parler de pardon, d’excuse et de rédemption. Car si Mildred est le fil rouge de ce film, Willoughby et Dixon ont tout autant leur place. Le premier par le fait qu’il apporte un second point de vue, en nous permettant de prendre du recul sur la situation, rendant son arc encore plus dramatique car on le sent terriblement désolé d’en arriver là. Il comprend Mildred, il ne veut pas la combattre parce qu’il comprend la peine, et s’il est là pour représenter la justice et la loi, il est avant tout humain.
Tout comme Dixon, qui a sans doute droit à une des plus belles rédemptions que j’ai vues ces dernières années, et sans doute ma partie préférée du film. Comment le personnage va passer d’être détestable, haïssable, à un autre être humain qui prend conscience de cette humanité et décide de l’accepter. Lorsqu’il réalise toute la colère qu’il a en lui et qu’il finit par s’en libérer totalement. Alors, certes, sur un film de même pas deux heures, l’évolution est très rapide, mais le déclic paye tellement avec l’évolution du personnage au cours du film qu’on ne peut que savourer ce moment. Un autre être humain dans toute sa splendeur. Et c’est intéressant de le mettre en parallèle avec Mildred, car même si on compatit pour elle au début, son côté froid, distant fait qu’on a du mal à s’y attacher, à la soutenir, mais au fur et à mesure qu’on découvre l’humaine derrière, on finit par être avec elle dans cette lutte.
Du coup, on a l’évolution et les arcs narratifs de ces trois personnages qui présentent avant tout des êtres humains et constituent la force motrice de ce film, de façon plus qu’admirable et réaliste tout en dramatisant à bonne dose. Cependant, on découvre peu à peu le reste d’Ebbing, que ce soit avec Caleb, Robbie, les autres officiers du bureau du shérif, James… Tout se monde s’articule pour présenter des êtres humains, et surtout dans leurs erreurs, leur fragilité. Personne ne se trouve vraiment dans une zone de confort, ce qui rend le film dynamique car on se laisse entraîner par ces portraits.
Le casting s’en fera d’ailleurs ressentir. L’ensemble du casting est de bon niveau de façon générale, mais le trio McDormand, Rockwell et Harrelson est tout simplement fantastique. Difficile de n’en choisir qu’un, tellement ils se mettent dans la peau de leurs personnages et comment leur prestation et l’écriture des uns les autres sont étroitement connectées. On ressent leur émotion, on ressent leur humanité, on ressent leur évolution. Pas grand-chose à dire sur l’aspect technique, avec des décors très chouettes et une mise en scène parfaitement calibrée (j’aime beaucoup la photo) pour donner au film tout son impact. La musique accompagne le tout avec justesse, proposant un thème central vraiment super.
Bref, 3 Billboards est un de ses films qu’il faut voir, dont l’écriture des personnages et de l’intrigue est si excellente que le tout fonctionne à merveille et nous livre une histoire poignante et superbe dans ce qu’elle essaye de transmettre.