C’est osé de faire un film comme Three billboards,de taper précisément sur les plaies d’une certaine Amérique du Nord se fissurant par son immobilisme et son puritanisme de façade.C’est nécessaire aussi de rappeler qu’une femme déterminée peut déplacer des montagnes pour qu’on l’écoute.Mildred,et le film est assez finot pour le faire comprendre,ne détient pas toujours le bon feeling dans certaines de ses réactions.Comme ses voisins de Ebbing.Au delà du cheminement d’une mère pour réouvrir l’enquête sur le meurtre de sa fille ,Three Billboards est un réquisitoire contre les âmes tourmentées de ce patelin du Missouri,emblématique d’une Amérique profonde.Cette histoire rappelle un peu l’univers de Faulkner en nettement moins sordide tout de même.Le spectateur,un brin voyeur,épie ces personnages qui se rentrent dedans avant de discuter.Et finalement les baffes qu’ils reçoivent en retour de leurs actions tirent certains de leurs réflexes de base crétins.J’ai adoré les personnages de Willoughby,de Dixon et du shérif noir qui alimentent l’histoire dans ses spasmes les plus révélateurs.Du bon sens,même du moins évolué des trois, surgit de ces hommes refusant enfin le rôle que leur communauté leur a finalement assigné.On a beaucoup parlé de la performance de Frances Mc Dormand( à juste titre) mais Sam Rockwell,Woody Harrelson ou encore Peter Dinklage méritent des éloges pour leurs jeux.En multipliant les points de vue,en déplaçant subtilement les lignes,le réalisateur commet un film juste,inspiré où le spectateur peut même choisir le sens qu’il veut bien donner à une fin finalement trés ouverte.Three Billboards est la première bonne surprise du cinéma US « indé ».En espérant que le fil critique sur une Amérique pas si compacte continue à s’exposer de la sorte.