Je vois déjà ceux qui auraient vu le film monter au créneau quant au titre de ma critique : "De quelle rédemption parles-tu ?! Les personnages sont pauvres, vulgaires et irrécupérables." C'est vrai qu'au milieu des (très) nombreux "fuck", des violences conjugales, des agressions physiques et morales, du racisme décomplexé et de la discrimination envers les personnes atteintes de nanisme, on est servi.
Les personnages ont tous un défaut, plus ou moins visible, quand certains les collectionnent.
Pourtant, il y a dans ce film une idée de la rédemption qu'on retrouve très peu ailleurs. En dehors du sentiment d'échec continuel (tel qu'on peut le voir dans le film "Inside Llewyn Davis" des frères Cohen), Mildred et Jason vont errer dans une ville qui ne veut pas d'eux. La première cherche autant le responsable de la mort de sa fille que le pardon, le second tente de trouver une place dans une société qu'il ne comprend plus.
Le scénario se veut simple et efficace, ça fonctionne. La mise en scène est simple et épurée, ça fonctionne. Les personnages sont complexes et terriblement humains, ça fonctionne.
Si certains d'entre vous auraient du mal à se trouver une place dans cette fable noire où il est inutile de lutter, prenez du recul sur le schéma classique : échec > échec > réussite. Ne retenez que l'échec.
Car dans l'imaginaire de Martin McDonagh rien ne fonctionne vraiment comme on le voudrait, pourtant les personnages parviennent à évoluer et grandir, un peu malgré eux et un peu malgré nous. Le spectateur ne souhaitant pas qu'ils deviennent meilleurs, on se surprend à détester et on apprend à aimer.