A priori client évident de ce film dès sa sortie, mais, pris dans le tourbillon de la vie, je n'étais finalement pas allé le voir.
Pourquoi client évident :
- les films qui parlent du "peuple américain" par la vie de certains d'entre eux, de leur désenchantement, des zones de déshérences de ce pays dont le fameux rêve semble désormais derrière eux m'attirent irrémédiablement
- la capacité des filmeurs américains à mettre du romanesque dans leurs films, à filmer les gens dans leurs paysage m'a toujours semblé presqu'inabordable à presque tous les réalisateurs français
- les acteurs, Frances McDormand (très souvent chez les Coen), dont le jeu sans fioritures est toujours juste, Woody Harrelson, potentiellement à l'opposé, volontiers cabotin, et Sam Rockwell, souvent second rôle, souvent de haut niveau*
Après visionnage, je confirme, ce film rentre parfaitement dans les cases où je l'attendais :
- Une sale histoire de viol et de meurtre
- Une femme décidée à obtenir justice et dont l'idée lumineuse déclenche des réactions qui vont sans doute potentiellement la dépasser
- Des flics vaguement racistes, homophobes, et pour la plupart idiots, dans un deep south typique, mais non caricatural
- Un scénario, et un humour noir que n'auraient pas (encore eux) renié les frères Coen
- Au final, des personnages, malgré les apparences du début, qui peuvent tous montrer une aptitude à la rédemption
Une réserve peut-être :
Le retournement de Dixon me semble un peu trop "facile", passant du flic bas de plafond, incompétent, homophobe, raciste, à un mec débrouillard, audacieux et réussissant finalement à se racheter.
Impossible de bouder son plaisir : malgré un sujet peu léger, la fin me semble apporter de la lumière.