McG est ce qu'il convient d'appeler un formaliste forcené. De toute évidence il n'en a rien à carrer de ses scripts, tant qu'il y a matière à briller à l'image, et il est plutôt soigneux. Collaborateur privilégié du génie Russell Carpenter, il puise là la force de ses films. Or le voilà aux commandes d'une production EuropaCorp, et par voie de conséquence associé à Thierry Arbogast, chef opérateur de renom et de qualité.
C'est avant tout ce qui m'a poussé à faire de ce film une des priorités de la semaine : je voulais voir ce que donnerait cette alchimie. Et je ne suis pas déçu. L'image est là. Stylisée, agréable, elle berce le spectateur dans un cocon de bien-être pur.
Malheureusement il faut aussi composer avec les Bessonnades habituelles, les gros cons de flics, les squatteurs clandestins qu'on n'a mystérieusement pas le droit de virer ( heureusement ils sont sympas ) et surtout une absence cruelle de rythme. Le film dure facilement vingt minutes de trop, et empêtré dans une structure binaire : Je suis en famille, le travail me dérange / Je suis au travail, ma fille m'appelle... Au vu de la pathétique coïncidence finale il aurait mieux valu mêler les récits bien plus tôt et resserrer le montage !
Mais hormis ça, Kevin fait le taf : héros désabusé revenu de tout, jamais sérieux, il apporte sa bonhommie flegmatique à un rôle que Liam Neeson aurait rendu lugubre. Et puis ce regard complètement barré sur le monde de l'espionnage moderne est franchement fendard. La trop rare Amber Heard trouve là peut-être le meilleur rôle de sa carrière...