Nooooooooooooooooooon j'ai fait un fausse manip et j'ai tout perdu nike sa maman!
Bien, essayons de réécrire cette critique, avec autant de fidélité que possible.
Déjà ça me permet d’étoffer encore un peu ma critique avec des palabres sans rapport ou presque avec le film.
Je me demande s’il y a un exercice plus difficile encore, lorsque l’on écrit, que d’essayer de reproduire ce que l’on a perdu.
La fraicheur, l’instantané ne peut être de nouveau de la partie.
On se souvient de quelques grandes lignes, c’est parfois pour cela que je me contente de faire des plans de critique et de les laisser en plan quelques temps, mais il me parait plus qu'improbable de ressortir mot pour mot ce que l'on avait si durement écrit.
Donc me voilà dans un exercice, tentant de reproduire mes écrits d'hier soir.
Aller je me sens prêt.
De toute manière je n'avais guère parlé du film en lui-même, aussi loin que j'avais écrit, seulement quelques lignes lui étaient dédiées..
Tout ça pour finalement t'avertir je suis encore en train de m'étaler, comme à mon habitude, pour ne rien te dire de bien consistant à propos du dernier Ferrara.
Si la lassitude te prend, alors tu peux user de la molette de ta souris, et descendre, descendre.
Descendre.
J'aime bien Ferrara, alors après avoir été bercé par le nonchalant Go go tales, je m'étais dit que j'irais volontiers voir son dernier film histoire de clôturer l'année ciné en beauté, ou presque.
J'accuserais volontiers la programmation des cinémas art & essais de ma ville, mais il faut dire que Ferrara est quand même mal distribué en France.
Je n'avais pas eu ce plaisir lors de sa sortie.
Une unique chance de le voir me fut donnée par Vidéodrome 2 et La baleine qui dit vague.
Alors certes ce n'étais pas une projection dans un cinéma à proprement parler, mais la chose n'étant pas confidentielle, les conditions s'approchant de celles d'une séance traditionnelle, je considère que cette projection est officielle.
Il fallait être là.
Je te dis ça car j'ai hésité dans l'après midi, après avoir tapé deux palettes dans les délais "normaux" imposé par mon employeur (c'est-à-dire selon mes normes, en me bougeant grave le cul), devais-je aller voir ce film comme prévu ou devais-je rentrer pour voir un peu ma fille avant quelle ne se couche ?
Un petit peu d'égoïsme plus tard, je faisais la queue pour obtenir une des dernières places disponibles. En effet je n'étais pas vraiment en avance. Disons que selon moi, une demi heure d'avance c'est le confort, un quart d'heure c'est vraiment le minimum pour être en avance.
La foule disposant de son ticket s'étant concentrée quelques mètres avant l'entrée de la salle, j'ai pu, étant coincé devant à coté du guichet, pénétrer dans la salle rapidement et choisir une place de choix.
Or de question de se mettre tout au fond ce coup ci, la salle dispose d'une colonne porteuse en plein milieu, ce qui est assez gênant pour regarder un film.
La baleine qui dit vague est une salle qui accueille généralement des conteurs. Elle dispose d'un bar, d'un espace avec des tables et met des livres à disposition.
Je n'y avais jamais été. Quand tu rentres, tu sens une ambiance middle class bohème. Car soyons clair, y'a pas vraiment de bourgeois là dedans. Donc le terme bobo, déjà qu'il m'emmerde, ne convient pas trop pour décrire la faune présente.
L'homme qui gérait Le Vidéodrome vient nous parler du film et un peu de Ferrara.
Il explique qu'il passe la main à une nouvelle équipe (ce qui justifie alors le 2), mais qu'il reste toujours présent, même si ce sera uniquement en retrait.
Il laisse la parole à un acteur de la vie culturelle de Marseille que j'avais déjà croisé puisqu'il s'agit de l'initiateur du Festival International du Film Chiant.
Il nous promet une nouvelle édition de son festival, et je me mets à espérer qu'il soit moins chiant que l'édition 0.
Je veux bien qu'on privilégie les films qui ont peu, voire pas de résonnance en salle, mais de là à encenser Ce qu'il restera de nous, bon tu vois.
Nous sommes serrés, presque comme des sardines, la femme devant moi est un poil trop grande à mon goût. Un drap blanc tendu au mur fera office d'écran, la sonorisation se fera sur des PS10, il me semble.
En reconnaissant les Nexo, j'étais un peu content.
Enfin nous voilà face au film.
Shanyn Leigh dégage un certain charme, une impression étrange.
De toute façon, considérant qu'elle est plutôt jolie et rousse par-dessus le marché, je pense que ça clôt la discussion à son sujet.
Willem Dafoe se rase tout en passant un coup de fil.
Nous passerons les heures avant la fin du monde avec un couple d'artiste.
L'un acceptant la fin du monde avec un esprit revanchard, l'autre de façon très méditative.
Cisco a encore quelques détails à régler avant de partir. Skye peint l'ultime tableau de sa vie.
Connecté au monde via une multitude d'écran, de technologie. Quoiqu'il arrive ils sont lié l'un à l'autre, ils comptent mutuellement l'un sur l'autre pour se réconforter le moment venu.
Presqu' immédiatement un peu de sexe, filmé avec beaucoup de sensualité, de retenue même.
Ces deux là se parlent ils, se racontent-ils des choses à l'orée de la mort ?
Sont ils ensembles hormis dans ces moments de fusion.
Elle peint, il invective les passants en bas de son loft peu lumineux.
Le suicide pour choisir quand nous mettons fin à nos jours.
Il converse via Skype avec des amis, il se colle à la télé.
Elle allume les ventilateurs pour faire sécher son œuvre. Pour la finir à temps.
Ils mangent un dernier repas, qu'ils ont commandé.
Et le livreur les a livrés.
À quelques exceptions prêt, Ferrara choisi de nous montrer que le monde tourne encore un peu rond avant que l'humanité ne soit éradiquée une bonne fois pour toute.
Le dialogue entre le livreur et sa famille via Skype ainsi que le dialogue factice entre le Dalaï-lama et Cisco sont des moments qui m'ont plu. Entres autres bien entendu, mais j'ai très envie de ne souligner que ceux là.
Ou encore, quand Skye s'habille d'une belle robe et se maquille un peu avant la fin.
Et son tableau, et leur solitude collé l'un contre l'autre, attendant la lumière.
Les derniers mots de Skye.
Je comprends tout à fait qu'on puisse trouver ce film ennuyant. Après tout, ce couple n'est pas très prompt à provoquer de l'empathie chez le spectateur.
Mais je m'en fous moi, j'aime Dafoe, j'aime Ferrara, j'aime ces mouvements de camera lents et posé, j'aime le choix de la lumière naturelle. Le jeu avec la pénombre. Et surtout j'ai aimé, et j'aime cette idée de fin du monde, j'adhère aux propos du Dalaï-lama.
Moi je l'ai souhaité très fort, mais elle n'est pas venue. Je savais que ce fameux jour serait une promesse de Gascon. Je ne fus pas déçu, mais sache que l'extinction de l'humanité, entièrement et soudainement est une idée qui me fait bander.
Ce n'est pas exactement ce que j'aurai écrit hier soir, mais c'est ce que j'ai écrit ce matin.