La fin du monde ? L'Abel affaire...
Je ne m'attendais pas à une fin du monde spectaculaire bourrée d'effets spéciaux à vous en faire vomir votre dîner par les yeux.
Je m'attendais à une vision de l'approche de l'apocalypse moins cliché que ce à quoi on s'attend lorsque ce thème est abordé.
Je m'attendais à apprécier Dafoe, une fois de plus.
Je m'attendais à peut-être trouver des longueurs à ce film, mais sans que cela brise mon intérêt.
Bon, c'est pas pour me la péter, mais j'avais fichtrement raison.
Ce qui dès le départ m'a le plus plu, c'est le duo d'acteurs principaux de ce film. J'aime Willem Dafoe parce qu'en plus d'avoir une vraie gueule, il joue bien et dégage une espèce de fragilité, tout en étant très "homme", je ne sais si vous voyez ce que je veux dire, moi non plus.
Sa compagne, dans le film s'entend, Shanyn Leigh, que je découvrais alors pour la première fois, m'a beaucoup plu également. Et pas uniquement parce qu'elle est rousse, non, je ne suis pas comme ça ou si peu, mais elle aussi, quelle tronche ! Et elle a beaucoup de présence.
Visuellement, c'est chouette. J'en parle sans emphase mais je suis plutôt cliente du boulot de Ferrara et je n'ai pas été déçue. A noter que lorsque le bail aura expiré à 4h44, je veux bien récupérer leur appart.
Le film ensuite a, pour moi, oscillé entre scènes captivantes et d'autres qui se traînent un peu du fondement si vous me passez l'image. Exemple avec la superbe scène de sexe, qui réussit à être très réaliste, chaude même mais jamais vulgaire ou gratuite. Très bien. Ensuite on voit Dafoe écrire trois phrases, errer de ci de là dans l'appart', passer des coups de fil qui n'aboutissent pas... Bon, le chic de Ferrara est peut-être de faire que même dans ces moments-là je n'ai a aucun moment souhaiter décrocher du film.
En parlant de coup de fil, coup de "Skype" plutôt (d'ailleurs, ça m'aura au moins appris ce que c'était.... Oui je vis dans une grotte et j'vous emm...brasse), l'une des choses qui m'a le plus convaincu dans ce film est la façon qu'il a de montrer l'omniprésence de la technologie dans nos rapports avec les autres. On se contacte beaucoup, avec beaucoup de monde mais on ne se rencontre plus guère. Voir Dafoe se prendre le chou avec son ex-femme au sujet de sa fille (via skype donc) tant que l'on voit la même chose que lui, à savoir le visage de la dame sur l'écran, ça va, mais lorsque la caméra s'éloigne, tourne... On voit quoi en fait ? Un mec qui pleure devant un rectangle de plastique.
Moi ça m'a fait bizarre.
Ce que je craignais le plus, après une dure journée de labeur (faire pleurer dans les chaumières, c'est tout un art) était l'endormissement pur et simple, étant plus habituée à mater des films dit "légers" dans ce cas de figure.
Et pas du tout.
Les gens ne se mettaient pas à tout brûler dans les rues, terrorisés à l'idée de bientôt passer l'arme à gauche. Non. Ils continuaient de vivre encore un peu pour certains, boire, faire la fête, l'amour, chanter le blues... D'autres choisissent de terminer la partie un peu plus tôt, de rester maître de leur vie et de sa fin. Y'a même un côté effrayant à découvrir que le livreur du chinois du coin poursuit son oeuvre.
Le monde semble presque tourner plus rond en approchant de sa fin.
Critique accouchée dans la peine, mon "o" s'obstinant à ne plus vouloir en faire à moins que l'on frappe sur lui à coups sourds et redoublés. C'est intéressant, ça, hein ?!