Est-ce vraiment utile d'écrire une 300ème (!) critique sur ce film, je me le demande...
Mais j'ai quand même envie de dire quelque chose qui je pense a trop peu été évoqué ici, après avoir parcouru une bonne vingtaines de critiques qui disent plus ou moins toutes que ce film raconte une histoire vraie et cruelle sur les relations amoureuses.
Ouais mais...
(juste un truc avant, ça sert à rien que tu lises si tu n'as pas vu le film, y a que des spoilers)
Ce film est connu pour être LA 1ère comédie romantique destinée à un public masculin. Pourquoi? Parce qu'il force le spectateur à s'identifier à Tom, en prenant manifestement le point de vue de ce dernier. Il y a beau y avoir une voix-off qui indique d'ordinaire que le narrateur est extérieur, omniscient et objectif, toute la réalisation du film est subjective, axée autour des sentiments/ressenti de Tom. Chose que l'on comprend parfaitement quand on assiste à la scène "expectations/reality". Là si on avait pas compris à ce niveau là qu'on nous menait en bateau depuis le début, on est servi.
Hum, je ne voulais pas revenir sur la construction du film en petites pièces de puzzle qui a été maintes fois abordé, mais ça sert un peu mon blabla donc là : ça fait quand même penser à un journal intime ces pages de garde avec les jours écrits de façon manuscrite, n'est ce paaaas? Le journal de Tom, ce cinglé de Tom, voyez où je veux en venir!
Mais oui, Tom est un garçon sérieusement atteint. Sous prétexte qu'il est, ce que les féministes appellent un "nice guy*", (voir le début quand il craque sur Summer et qu'elle ne le calcule pas et qu'il chuchotte à son pote un truc du genre "oh mais pourquoi les jolies filles sont toujours arrogantes snif ;___; "), il se permet de projeter en la malheureuse Summer ses fantasmes de Manic Pixie Dream Girl, et oulala c'est "the One"!
C'est là où le trope #2 de film indé, Smart Kid, intervient en sortant sa petite vérité : la soeur de Tom qui lui dit très justement "eh oh mec, t'emballes pas, c'est pas parce qu'une fille a les même goûts zarbis que toi que c'est forcément ton âme soeur". La vérité sort toujours de la bouche des enfants hein.
Alors pour continuer dans ma lancé jargon pop culture anglo-saxonne, Summer place Tom dans la "Friend Zone". Bon, tout le monde voit ce que c'est. (Juste à noter qu'on parle rarement de Friend Zone dans le sens garçon-> fille étrangement (ou pas)). Et là on ne sait pas trop pourquoi, elle cède, surement à cause de cette pression de la Patriarchie sur le sexe faible (je m'emballe!). Taratata, souvenez-vous de ce que je vous ai dit, tout est dans la tête de Tom : sérieux, il n'y a pas eu vraiment de ptits oiseaux et de gens heureux qui ont fait une comédie musicale avec lui le lendemain de sa première nuit avec Summer. Pas plus que cette scène incompréhensible où Summer saute sur Tom dans la salle des photocopieuses. C'est probablement lui qui l'a harcelée! Bon j'exagère.
Summer n'est pas à blamer nom d'un chien! Depuis le début, elle exprime clairement qu'elle est mal à l'aise avec l'idée d'être la petite amie de quelqu'un. L'autre taré est aveuglé et ne l'écoute même pas; il est amoureux de l'idée qu'il se fait d'elle, pas d'elle.
Et ce petit naïf ne comprend même pas la leçon. A la fin, il fait passer Summer pour une biatch qui ne sait pas ce qu'elle veut. Alors que si, elle le savait très bien. (C'est sur que quelqu'un qui te voit en train de lire Dorian Gray et qui te pose des questions à ce sujet est surement plus intéressé par ta personne que l'autre gugus qui est fou de toi juste parce que tu écoutes aussi The Smiths.) Là où Summer a merdé, c'est qu'elle a cédé et a entamé une relation avec Tom pour lui faire plaisir, ou pour se sentir peut être moins comme une salope sans-coeur (ce que la phalocratie veut faire croire aux femmes qui osent dire "non" à un nice guy!). Tom dit "ON M'A MENTI ;___; ! les chansons d'amour c'est pas vrai". Mais remets-toi en question mon petit et tu pourras envisager plus sainement ta relation avec la jeune Autumn (la blague!).
Pour finir, je pense que ce film est moins bête qu'on veut bien nous le faire croire. Certes il y a plusieurs degrés de lectures au fur et à mesure des visionnages (en général on s'identifie à Tom-parce-qu'il-est-trop-choupi au début), mais ce n'est pas non plus un film "modèle". Je sais pas s'il mérite qu'on blablate autant dessus (ce que je fais assidument)! C'est un peu peine perdue d'essayer de raconter des histoires d'amour au cinéma, selon moi, parce qu'en restant trop générique et vouloir que tout le monde s'y reconnaisse, on tombe vite dans la relation amoureuse bateau. Et pourtant c'est LE thème préféré des cinéastes. Va savoir pourquoi.
Et à la fin, je place la petite citation de Joseph Gordon-Lewitt, qui dit tout comme moi en moins long. HAHAHA!
http://www.huffingtonpost.com/2012/08/17/joseph-gordon-levitt-500-days-of-summer-selfish_n_1795676.html
*Un "nice guy", pour ceux qui ne sont pas familiers avec jargon féministe anglo-saxon, c'est un type qui, sous prétexte qu'il est sympa, à l'opposé du connard (le mythe comme quoi les femmes n'aiment que les bad boys), pense qu'il est automatiquement désirable et qui "mérite" que les filles s'intéressent à lui.