Lorsque le réalisateur Kim Ji-Hoon avait sorti en 2011 Sector 7, il avait déçu beaucoup de monde. Alors que les bandes annonces avaient fait sauter de joie les amateurs de gros blockbusters coréens, le résultat final était très médiocre, pour ne pas dire simplement très mauvais, voire nul. Du coup, j’avais déjà boudé son film suivant, The Tower (2012) et même Sinkhole (2021) de peur que la déception soit la même malgré toujours des bandes annonces qui donnaient sacrément envie. Mais voilà que ce dernier est arrivé récemment chez nous, via The Jokers, sous le titre 500 Mètres Sous Terre. Et ma foi, après tant d’années, la pilule Sector 7 avait été bien digérée, pourquoi ne pas redonner une chance au réalisateur ? Grand bien m’en a pris car bien qu’il ne soit pas un grand film au sens classique du terme, le mélange catastrophe et comédie fonctionne à merveille et 500 Mètres Sous Terre s’avère être un très bon divertissement.


500 Mètres Sous Terre rapporte plus de 18 millions au box-office coréen, devenant le deuxième film coréen le plus rentable de l’année 2021 et se classant au sixième rang de tous les films sortis en 2021 en Corée du Sud avec 2.19 millions d’entrées. Cela peut se comprendre tant le film va miser sur le gros spectacle et un rythme qui ne faiblira jamais. Le réalisateur Kim Ji-Hoon semble avoir un penchant pour les films catastrophe avec des tours car il avait déjà réalisé le film de pompier The Tower en 2011, sorte d’hommage à La Tour Infernale (1974), et c’est de nouveau le cas ici avec cet immeuble de 5 étages qui va s’enfoncer sous terre à cause d’un effondrement de terrain et se retrouver, comme son nom l’indique, 500 mètres plus bas. Mais avant le fameux évènement, Kim Ji-Hoon va prendre le temps de nous présenter les différents personnages, les relations qu’ils ont entre eux, dans une première demi-heure axée à 100% sur la comédie, avec un ton léger et un humour qui fonctionne très bien. Bien qu’ils ne soient pas forcément très bien écrits, on s’attache rapidement à eux car ils sont monsieur et madame tout le monde. Ils pourraient être quelqu’un de notre famille, un ami, un voisin. Ils sont tout ce qu’il y a de plus humain et ne seront jamais érigés dans ce qui va suivre en tant que super héros ni même de héros tout court. Ce qui va suivre donc, c’est la chute de l’immeuble, dans lequel une majorité d’entre eux habite, dans un trou béant profond de 500 mètres. A partir de là, le film va alterner moments comiques, moments plus dramatiques et moments de grande tension. C’est parfois le chaos mais Kim Ji-Hoon arrive très facilement à nous impliquer dans l’histoire. Il essaie de rendre son film le plus spectaculaire possible et ça fonctionne. Cette plongée dans les tréfonds de la terre, bloqué dans un immeuble en perdition, nous scotche pas mal à l’écran, et tout l’aspect tragicomique de la situation va permettre de nous attacher encore plus aux personnages, de rire avec eux, de survivre avec eux, de craindre pour eux. Le rythme va y être trépident, tout s’enchaine très vite. 500 Mètres sous Terre a sa propre dynamique, il n’y a aucun temps mort et les quasi 2h que dure le film filent à toute vitesse sans qu’on s’en rendre compte.


Alors il est vrai qu’il faut mettre la crédibilité de ce qui défile devant nos yeux de côté car ce qu’il se passe à l’écran reste malgré tout assez improbable, ne serait-ce que l’apparition soudaine de ce gigantesque trou. Mais qu’importe, c’est souvent le propre même des films catastrophe et c’est ce qui va créer toute la tension du film, le réalisateur étant assez malin pour nous faire oublier un moment invraisemblable avec une nouvelle péripétie ou un nouveau moment comique. Les CGI sont d’ailleurs loin d’être parfaits. On a clairement vu pire, mais certaines incrustations en arrière-plan piquent un peu les yeux et bien que l’ensemble fasse très blockbuster à grand spectacle, on sent que Kim Ji-Hoon n’a pas eu le budget à hauteur de ses ambitions. Pourtant, on n’en tient finalement pas compte parce que le réalisateur fait preuve d’une réelle ingéniosité avec une très bonne utilisation des décors, avec cet immeuble qui désormais ressemble plus à un gruyère labyrinthique. Kim Ji-Hoon en profite pour glisser un peu de satire sociale, en parlant de ces coréens qui n’arrivent pas à se loger correctement dans des logements salubres, à cause de la flambée des prix de l’immobilier, plus particulièrement à Séoul. Le film évoque également ces coréens qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts et qui cumulent plusieurs boulots pour s’en sortir. Mais ce n’est jamais lourd, c’est souvent l’humour qui prend le dessus car le but est, avant tout, de divertir le spectateur. Si le divertissement fonctionne si bien, c’est en partie car le casting du film est excellent, capable à la fois d’arriver à nous faire rire en faisant le pitre ou parfois simplement avec des mimiques, mais aussi d’être beaucoup plus sérieux lors des moments plus dramatiques ou tendus. La relation entre les personnages des excellents Cha Seung-Won (Night in Paradise, Blades of Blood) et Kim Sung-Kyun (Phantom Detective, The Divine Move 2) est parfois jubilatoire, déclenchant chez le spectateur bon nombre de fous-rires. On n’échappe par contre pas à ce passage obligé du larmoyant où tout le monde ne pourra pas être sauvé car, oui, il faut créer de l’émotion chez le spectateur. Comme souvent chez les coréens, on y va avec des gros sabots pour essayer de nous faire monter la larme à l’œil mais c’est ici malgré tout assez vite expédié car, hey, place au spectacle, quitte à être parfois too much (le final avec la capsule jaune). Du spectacle rondement mené et ce malgré des secours qu’on a envie de baffer, bien trop passifs par rapport à l’urgence de la situation qu’ils ont devant eux.


500 Mètres Sous Terre est vraiment une très bonne surprise. Mêlant grosse comédie et film catastrophe bien tendu sur fond de critique sociale, ce blockbuster à la sauce coréenne est un vrai divertissement qui remplit haut la main son pari.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-500-metres-sous-terre-de-kim-ji-hoon-2021/

cherycok
7
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le 23 janv. 2023

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