Il me fallait quelque chose d’un peu original pour fêter ma cinq-centième critique. Je tape 500 dans dans le moteur de recherche sc, et je tombe là-dessus, 500 millions d’andouilles ! Un film sans aucune note, sans envie, sans rien, un titre alléchant, sans qu’on sache au préalable s’il s’agit de nous ou de ce produit artisanal français qui m’est très cher. Surtout s’il provient de Guémené.


La lecture d’un texte de Luc Moullet sur le film, donne bien envie :



« Il s’agit d’un catalogue exhaustif, quasi scientifique, de toutes
les plaisanteries que l’on puisse imaginer à partir du double sens du
mot andouille, l’andouille de Vire et l’andouille au figuré et aussi à
partir de la forme très particulière de cette cochonnaille fort
appréciée. Des plans à apparence documentaire entretiennent un instant
le doute : est-ce filmé sur le vif, ou est-ce totalement fabriqué ? Il
est parfois aujourd’hui difficile d’apprécier à sa juste mesure
l’humour de ce film. En effet, en 2007, il n’existe pratiquement plus
de documentaires pompeux et ennuyeux comme ceux qui, il y a cinquante
ans, inondaient nos écrans, et que moque le film de Marcel Gibaud,
lequel apparaît alors comme un savoureux et salutaire contrepoison, un
pied de nez aux conventions cinématographiques. Une revanche pour le
spectateur. »



Evidemment, après avoir lu ça, les attentes sont élevées, et comme parfois, la déception à la hauteur de l’espoir suscité. Quelle belle andouille je fais !


Le film commence avec l’avertissement suivant, qui donne un peu le ton : « toute ressemblance entre ce film et un véritable documentaire serait absolument fortuite ». On est dans la parodie des « reportages » de l’époque, avec l’utilisation de phrases grandiloquentes et d’un ton qui n’est plus celui d’aujourd’hui : « partout se manifeste l’intelligence de l’homme et son énergie » ; « insensibles à l’appel du vice, les hommes de l’andouille eux, près des usines qui les font vivre, ou à deux pas de leur calme laboratoire, préfèrent goûter les joies simples de la nature. »


Ce genre de commentaires, peut-être un poil accentués par rapport à ce qu’on avait à l’époque, il est difficile comme le dit Luc Moullet de les apprécier à leur juste valeur, ils ne sont plus très amusants aujourd’hui. Les commentaires sont volontairement pompeux, on parle de l’IFA, Institut Français des Andouilles, mais sans trouvaille extraordinaire, un peu comme si utiliser le mot andouille, à toutes les sauces si je peux dire, suffisait pour faire rire. Peut-être cela fonctionnait-il dans les années 1960 ? En tout cas, le court métrage n’est pas passé à la postérité.


Le film se termine par un vœu sympathique, qui parodie les discours de l’époque sur le progrès source de bonheur, sur l’unité des Français : « qu’unis, derrière le train du progrès, la main dans la main, celle d’hier menant celle de demain, tous ensemble, nous fassions l’andouille ».


Bref, quand l’andouille va, tout va !

socrate
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Courts pas courus (mais parcourus!), Tous courts ! et Un demi, svp !

Créée

le 14 avr. 2015

Critique lue 392 fois

13 j'aime

socrate

Écrit par

Critique lue 392 fois

13

D'autres avis sur 500 millions d'andouilles

500 millions d'andouilles
JM2LA
6

Critique de 500 millions d'andouilles par JM2LA

Après un bon début, avec fausses pistes et invention qui va avec, le film s'en tient à une parodie assez monocorde du documentaire éducatif. Et à une répétition d'une recette qui ne fait pas toujours...

le 3 août 2017

Du même critique

Ma liberté de penser
socrate
1

Ma liberté de tancer

Cette chanson est honteuse, un vrai scandale : il est absolument inadmissible et indécent de tenir de tels propos quand on gagne plusieurs millions d'euros par an, alors que des tas de gens galèrent...

le 12 avr. 2012

171 j'aime

76

La Ligne rouge
socrate
4

T’es rance, Malick ?

La ligne rouge, je trouve justement que Malick la franchit un peu trop souvent dans ce film, malgré d’incontestables qualités, que j’évoquerai tout d’abord. La mise en scène est formidable, la photo...

le 21 sept. 2013

136 j'aime

78

Ernest et Célestine
socrate
9

A dévorer à pleines dents !

Pour tout dire, je ne savais rien de ce film avant d’aller le voir, je craignais une histoire un peu gnangnan pour bambin à peine sorti du babillage. Bref, j’y allais surtout pour accompagner la...

le 10 janv. 2013

133 j'aime

22