Segel encore à poil, mais il cache son jeu cette fois !
J'aime bien "Forgetting Sarah Marshall". Segel fait partie de l'écurie Apatow, une équipe que j'apprécie énormément : ils constituent pour moi le renouveau de la comédie américaine, des films certes comiques, mais aussi profonds, avec des personnages masculins (et féminins dans un deuxième temps) assez creusés, reflétant l'homme moderne avec, contre toute attente, beaucoup de justesse.
"The five year engagement" est surtout axé sur l'après rencontre, lorsque le couple doit maintenir la flamme. Ici en l'occurence, l'histoire commence 1 ans après que le couple se soit formé. Les situations sont riches, clairement inspirées du vécu (on finira par tout savoir de la vie sentimentale de Jason Segel), et toujours traîtées à fond (ce qui confère au film une durée de 2h10 !). Les conflits et résolutions viennent des personnages qui vont devoir apprendre à communiquer, cohabiter, à respecter l'autre tout en trouvant sa propre place. C'est parfois assez pessimiste (on évite souvent l'écueil de l'amour parfait), mais cela n'empêche pas un certain romantisme (la demande finale) et encore moins une bonne dose d'humour. L'humour est en fait très utile puisque cela désamorce le malaise que peuvent provoquer certaines scènes. Jusqu'à en devenir incofortable, par moment : je pense notamment à la scène de simulation orgasmique qui en soi est très triste et qui pourtant fait rire à cause du comportement enfantin du héros. Bien que nous soyons dans une production Apatow, les improvisations ne prennent pas tout l'espace ; elles sont présentes, c'est inévitable, mais réllement, on sent que les deux scénaristes ont écrits plusieurs gags eux-mêmes, ce qui permet de mieux rythmer le film, peut-être en sacrifiant un peu de folie (ça se barre moins en couille que "Knocked up" ou "Forgetting Sarah Marshall").
La mise en scène est assez réussie. Très classique et surtout le réalisateur n'insiste pas sur les gags ; je retrouve ainsi mon type préféré d'humour visuel, c'est-à-dire les gags discrets, ceux qu'on peut louper si l'on est inattentif durant une minute (exemple : la banderole comportant une faute dans le prénom de Violet). Là où j'ai été un peu surpris, c'est dans le montage qui s'avère un peu plus audacieux que prévu. La scène de flashback toujours interrompue fait sourire, mais là où ça surprend c'est qu'elle soit montrée dans son entièreté en parallèle au final du film, ce qui permet à l'auteur de renouer avec la vraie romcom, comme pour dire que, même s'il malmène le genre, il le respecte, il sait que son film en fait partie. Les acteurs sont très bons. On retrouve des têtes connues, surtout pour une prod Apatow, mais pas autant qu'on aurait pu le croire, et ça fait plaisir.
Deux reproches subsistent malgré toutes ces qualités : une durée un peu longue, même si je ne me suis jamais ennuyé. Et puis, mais cela n'est pas entré en ligne de compte pour attribuer ma note, ce discour perpétuel sur le mariage. Autant j'adhère à l'idée qu'on finit par se mettre non pas avec l'âme soeur mais plutôt avec l'être le moins encombrant possible, autant je trouve dommage de toujours vouloir concrétiser le tout sous forme d'un mariage. J'aimerais bien qu'un producteur ose produire un scénario d'aussi bonne qualité dans le genre de la rom-com et où au final, les héros ne se sentent pas obligés de se marier afin de compléter le processus. Mais bon, cela n'est que pure conviction personnelle, cela n'a donc rien à voir avec la qualité technique ou narrative d'un film, c'est pourquoi je n'en tiens pas compte.
Bref, "The five year engagement" est un film à la fois triste et drôle, qui fait mouche en terme d'humour, qui me semble crédible dans l'idée de faire réaliste, qui amène un peu de respiration dans la filmographie du Apatow producteur et qui, enfin, s'avère être une excellente rom com.