5 Septembre 1972, Munich, République Fédérale d'Allemagne.

Pour la première fois depuis les Jeux Olympiques de Berlin en 1936, l'Allemagne accueille des athlètes du monde entier pour les JO de Munich en 1972. Le monde entier a les yeux rivés sur ces évènements sportifs. C'est le moment où jamais pour ce pays de redorer son image à l'international. Tout est mis en place pour assurer un spectacle d'exception: sur un terrain de 300 hectares, la région de Munich a vu fleurir un village olympique, des infrastructures sportives, et surtout... un village presse et une tour de télévision, afin de couvrir au mieux l'ensemble des épreuves. Tout a été pensé pour le téléspectateur à des milliers de kilomètres, avec une diffusion en direct assurée par la chaîne ABC Sports pour les États-Unis.

C'est dans ce contexte que s'inscrit le film 5 Septembre, réalisé par Tim Fehlbaum. On y suit l'équipe de reporters sportifs de la chaîne ABC, qui commente et transmet en direct les images des épreuves pour les citoyens américains. Cependant, le 5 septembre au matin, la joie du sport n'est pas au rendez-vous. Des coups de feu sont entendus, et la nouvelle d'une prise d'otages ne tarde pas à se répandre. Nous suivons alors les évènements depuis le studio de l'ABC, en compagnie de techniciens et de reporters, qui reçoivent au compte-goutte des informations, par le biais de journaux officiels à la radio, ou par des images enregistrées par l'équipe.

Le choix de mise en scène de situer l'action en huis-clos permet au spectateur de s'immerger totalement dans l'ambiance du film, et donc de l'époque. À la manière des protagonistes, nous suivons l'histoire grâce aux images qu'ils reçoivent et qu'ils décident ou non de diffuser. Le dilemme central du film concerne spécifiquement les images: que doit-on montrer, que doit-on dire, quel(s) impact(s) ces informations aura(ont) auprès des spectateurs? La réalité se mêle à la fiction avec l'utilisation d'images originales de la prise d'otages, ce qui renforce l'immersion du spectateur. Enfin, les aficionados de systèmes analogiques (comme moi) y trouveront leur compte, avec la multitude de séquences où l'on voit les techniciens travailler et retravailler les images, et assurer la continuité du direct en choisissant quelles images diffuser.

Le film est efficace, il ne se perd pas dans des intrigues secondaires entre les personnages, tous sont quasiment anonymes: on connaît leur prénom, leur rôle dans cet orchestre médiatique, et c'est à peu près tout. Leurs personnalités se dévoileront au cours des évènements, mais l'essentiel n'est pas là. L'essentiel, ce sont les images, et l'histoire que créent ces manitous de l'information à partir de celles-ci.

En conclusion, je recommande fortement ce film. On y découvre l'envers du décor du monde de la télévision (on ressent vraiment les recherches approfondies pour rendre le tout réaliste), le pouvoir des images, et toutes les responsabilités qui y sont liées.

Je souhaiterais tout de même terminer en remerciant SensCritique qui m'a offert la chance de pouvoir découvrir ce film en avant-première en présence d'une partie de l'équipe du film.