Un premier film ambitieux et saisissant

Nous sommes plongés dans une Irlande chaotique, divisée par une guerre opposant l’Armée Républicaine Irlandaise, plus connue sous le sigle IRA, et l’armée britannique présente en Irlande du Nord. Ici, nous voyons tout par l’intermédiaire de Gary, interprété par Jack O’Connell, une jeune recrue de l’armée britannique, un bleu si je puis dire, envoyé d’urgence dans un conflit qui semble tomber de Charybde en Scylla (les fameux Troubles). Alors que son unité entreprend une patrouille de routine, assez violente ceci dit, la situation se dégrade. Très vite, le jeune soldat se retrouve rapidement seul au cœur de cette haine et cette peur qui alimentent le conflit. Derrière ce film ? Un français, venu tout droit de la télévision: Yann Demange. A l’instar de son protagoniste, confronté à son premier combat, le réalisateur est au commande d’un premier long-métrage. A contrario, il maîtrise les tenants et aboutissements, malgré un sujet hasardeux qu’il faut manier avec des pincettes et de façon pertinente.

Nous comprenons très vite la direction prise par Demange. Il ne se contente pas de montrer un simple affrontement de deux camps ennemis mais, choisit d’osciller entre plusieurs genres. Ce parti pris est l’un des atouts majeurs de cette œuvre. Tant par son apparence de survival (le jeune militaire qui essaie de survivre à travers le dédale de la ville de Belfast) que par ce petit côté thriller/polar (les non-dit et le double-jeu de chaque protagoniste), le film garde un rythme dynamique et tendu. Afin de garder cette vivacité, le réalisateur s’aide d’une mise en scène si immersive que nous pouvons rapprocher ces images d’un documentaire. En n’utilisant que très peu le plan d’ensemble et le Shaky-Cam (assez maladroit, à mon goût), le cinéaste bouscule nos sens, nous secoue, nous traumatise, nous déchire avec les personnages. Le spectateur est exposé à une violence dure, rien n’est édulcoré. Ce réalisme pur se trouve enrichi par un scénario efficace alliant dimension des enfants et propos impartiaux. Par ces procédés, Yann Demange, Gregory Burke (le scénariste) et Chris Wyatt (Montage) parviennent à transmettre une intemporalité de cette situation conflictuelle.

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L_Imaginarium
8
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le 2 déc. 2014

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