Pour comprendre cette fiction finlandaise à la lisière du documentaire, il faut sans doute savoir qui sont ces Nénètses / Nenets : un peuple autochtone samoyède russe (peuples semi-nomades de Sibérie qui vivent partiellement en autarcie, de chasse, de pêche, et d'élevage de rennes) vivant à proximité du cercle polaire. En réalité, il ne s'agit ni d'une démarche documentaire, ni ethnologique, ni quoi que ce soit de documentant directement : en fusionnant plusieurs approches, on peut penser que Markku Lehmuskallio et Anastasia Lapsui ont souhaité faire ressentir les choses — quitte à passer par des séquences mises en scène de manière souvent maladroite. On peut aussi noter, à son désavantage malheureusement, que les Nénètses ressemblent un peu à des Inuits de la toundra de l'extrême Nord russe et qu'à ce titre, "7 chants de la toundra" fait énormément penser au jalon "Nanouk l'Esquimau" de Robert Flaherty. En beaucoup moins élaboré et novateur, bien sûr.


Même si le visionnage de ce film tourné en noir et blanc crayeux est un peu ingrat (la faute au côté bricolé et amateur qui domine toute la composante documentaire), il n'en reste pas moins que ces 7 récits très inégaux en ampleur donnent une idée du folklore Nenet, entre traditions et adaptation à des conditions extrêmes. On peut également relever qu'il s'agit du premier film écrit et tourné par (ou en collaboration avec) un artiste Nenet.


Les deux premiers segments sont consacrés à des coutumes locales : une cérémonie religieuse glacée dans laquelle un renne est sacrifié au pied d'un arbre, puis un mariage arrangé à une époque sans doute très reculée (les conditions de vie sont pour le moins spartiates). Les quatre segments qui suivent sont consacrés à l'influence soviétique sur la population, avec l'arrivée d'un commissaire communiste qui édicte de nouvelles lois auxquelles ils doivent se conformer de force. Le passage d'un dieu à un autre (Staline et Lénine en l'occurrence) ne se fera pas sans difficulté, et l'obligation pour les enfants d'aller à l'école et d'apprendre le russe non plus. Un dernier court segment montre une mère chanter une berceuse à son bébé.


De toutes ces histoires découle un aperçu du froid hivernal et des moustiques estivaux, un portrait de peuple que l'on qualifierait de "primitif" qui avance par petites touches successives. Une plongée rare dans un univers très peu connu, avec quelques détails intéressants dans un ensemble toutefois un peu trop brut et rugueux.

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le 12 janv. 2021

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Morrinson

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