Lorsque l'on a goûté une fois à la guimauve drama amoureux japonaise étudiant, on aime, mais lorsque l'on aime l'animation, très souvent l'animation cheep et la niaiserie des personnages nous écœure assez pour ne pas y retourner. Cependant le cinéma est parfois plein de mystère, et lorsqu'un drama japonais est sélectionné au festival d'Annecy en compétition officielle, on a toujours la curiosité et l'envi de savoir combien ont été payés les sélectionneurs du festival pour laisser passer ça, ou quel drogue il a fallu ingérer pour apprécier un tel film. Malgré tout 7 Days War avait quelque chose qui le rendait à part. Ça adapte un roman et non pas un manga, il y a déjà eut une adaptation cinématographique live dans les années 80 où l'on peut tirer une imagerie intéressante et des références que l'on voit pas assez dans l'animation, et là où l'attention pour 7 Days War pouvait relever au mieux de la niaiserie, au pire du malsain, il s'en dégage une fascination qui m'a poussé à aller voir le film en salle et, finalement, ce fût un moment sympathique.
Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dis. Le film est pas grandiose, n'est pas révolutionnaire, n'est certainement pas un grand film, et on peut presque le dire, ce film n'est pas foncièrement bon. L'animation est parfois effrayante tant elle peut être moche et tant elle transpire le manque de budget et le manque d'ambition sur certaines scènes. Il y a des scènes avec le Thaïlandais qui sont véritablement hideuse avec une animation qui parfois n'est que sur deux frames qui se répètent, avec des traits grossiers, et même des proportions vagues et mal faites filmés en gros plan. L'animation 3D est pas forcément mieux et fait tâche, l'histoire est imbécile et coche toutes les cases du drama japonais qu'on ne devrait plus voir en 2021 sans être passé par la case "réinterprétation", les personnages bêtes comme choux, et à aucun moment on aura l'impression de regarder un grand film. Cependant un petit film ne veut pas forcément dire que c'est un film inintéressant, loin de là, et 7 Days War reste très intéressant.
Je parlais des graphismes en disant qu'ils étaient moches, et effectivement ils sont parfois très moches (la scène d'ouverture montre d'entré à quel point les graphismes peuvent d'approcher des séries animés des années 2000/2010), mais parfois on a des scènes vraiment belles. Il y a bien-sûr les scènes où la mises en scènes va s'inspirer de Makoto Shinkai, ou même des scènes lors de scènes fortes, on a un éclairage qui met en valeur les personnages et fait tableaux qui restent très beau même si on les a déjà vu, mais il y a des scènes propres au film qui m'ont vraiment retenu mon attention. On sent une volonté de se rapprocher de ses personnages, d'aller toujours plus près de leurs intimités où la caméra doit essayer de se trouver un chemin pour mieux filmer les personnages de près. On a les scènes de discutions où l'on a cette caméra qui va presque coller les personnages, mais je retiendrais surtout un plan au début du film qui est carrément collé à son personnage principale alors qu'il est allongé sur son lit en train d'écrire un SMS, et où le dessin est vraiment bien alors que le plan est ultra casse gueule, ce qui donne un rendu que je n'ai encore jamais vu et que je souhaite revoir. On sent une personnalité se dessiner à travers les couleurs chatoyantes du film qui caresse la rétine et donne un sentiment bonbon et réconfortant. Ces personnages sont le centre de l'histoire, ce sont des enfants, il faut les faire grandir dans un univers qui soit pétillant et réconfortant pour eux. Mais là où le film devient vraiment intéressant, cela reste dans son écriture. Le film est structuré en chapitre, choses assez rare dans l'animation et au cinéma en général. On peut reprocher des personnages caricaturaux sans trop de caractère avec le sportif un peu simplet, le timide qui veut être en couple avec une jeune fleure des champs, la fleur des champs qui est timide et réservé mais qui a une ami sportive et caractériel qui est beaucoup plus à l'aise, l'intello dark sasuké un peu cassant, et la fille populaire de sa classe qui est pas toujours intelligente. Cependant sur le début du film, cette simplicité d'esprit et ce côté gamin a un sens. Vu que ce sont des personnages devant grandir et se confronter au regard des adultes, c'est normal d'adopter un ton aussi niais et enfantin, allant même jusqu'à faire un opening nul et mielleux passé la scène d'introduction, car tout le film tourne sur ça: la confrontation entre l'enfance et le monde adulte. De ça on part d'une base grand public et très guimauve pour aller petit à petit vers quelque chose de âpre et sombre qui saura créer du contraste, renouveler le genre, et apporter de l'originalité... sauf que non.
Le plus gros soucis du film reste son manque d'ambition et le manque d'opportunité qu'il loupe ou évite en permanence et qui dessert totalement des scènes que l'on aurait voulu plus approfondir dans leurs ambitions. Déjà dans le côté dark et la possibilité de partir d'une base gentille pour tourner directement dans une réalisation plus adulte et dure, montrant la maturité des personnages, on ne l'aura pas. On a beau avoir le jour 4 et le jour 6 qui sont intéressants dans leurs démarches mais qui, en soit, vont pas poussé les vils assez loin pour être pleinement impactant.
On a bien la scène sur le harcèlement avec cette imagerie de Twitter et des réseaux sociaux qui intervient et qui ramène de la tension, mais même ça c'est très timide en effet et la mise en scène est pas nécessairement claire sur ce qu'elle montre. On nous montre le passé du sportif, mais on comprend pas tellement ce qui se passe, c'est pas très lisible. Le secret de l'intello est inintéressant et inutile, la bonasse n'a pas de secret ou presque, mais doit faire genre qu'elle a quelque chose, et c'est vraiment dommage de ne pas exploiter ces personnages. Lors de la présentation du sportif, j'avais cru que le sportif était un gamin martyrisé, et graphiquement l'agresseur ressemblait au personnage principale. On aurait réellement eut ça, on aurait eut de la vrais tension en un vrai propos sur la rédemption. La sportive qui aurait manipulé la fleur des champs pour aider son père à avoir du boulot, c'était bien trouvé, mais encore une fois, on ne va pas assez au bout de l'idée et le tout retombe à plat car on n'a pas l'ambition d'aller dans quelque chose de viscéral ou même dérangeant. Tout cela n'est pas aidé par une scène affreusement théâtrale à base de révélation façon Molière par des intermittent du spectacle trop motivés. Tout est clipesque alors qu'on aurait presque pu avoir un plan séquence que cela aurait donné la même chose en mieux. Le tout avec une lumière extérieur amené par la destruction d'un pan de mur qu'on exploite à peine. Ils ont la possibilité de montrer un amour lessbien, ils ont l'opportunité de montrer du harcèlement à l'école, ils peuvent montrer énormément de choses, mais ils n'en font rien.
C'est assez frustrant à postériori, mais faute de ne pas totalement adhérer au film et d'avoir un film abouti, je vois surtout un film profondément sympathique, qui n'a jamais eut l'ambition d'être plus, avec des gimmicks parfois très cool (le personnage principale notamment), qui arrive à quand même te faire attacher à la majeur parti des personnages, qui dure 1h20 histoire de se vider la tête et de voir les début d'un cinéaste prometteur, c'est peu mais ça reste bien. J'espère voir un film du même réalisateur sans la pression des productions japonaises qui ont sans doute pesé sur la qualité du film. Ce film là n'a pas totalement fonctionné, mais qui sait, le prochain sera très bien.
11/20
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