Si j’ai bien compris, Ritual est la partie du Film 7 jours à La havane dévolue à Gaspar Noé. Il s’agissait de donner une sorte de carte blanche à différents réalisateurs pour réaliser un portrait de la capitale cubaine.
Esthétiquement c’est très beau, le film commence avec des images pleines de sensualité, conformes à une image que l’on peut avoir de Cuba. C’est la fête, on danse, les corps exhalent une tension sexuelle, il fait très chaud. Jusqu’au petit matin, où tout bascule. La deuxième partie du film sera moins joyeuse, marquée par l’impérative cérémonie de « désenvoutement », de purification menée par un prêtre, avec des pratiques qui transpirent l’influence du vaudou africain.
Très beau film sur le plan esthétique, peut-être un peu long, Ritual montre, sans les condamner, les inquiétudes des parents face à l’homosexualité de leur fille. Bien sûr, Noé prend le parti de la jeune cubaine, mais ses parents, et même l’« exorciste » respectent la jeune fille, ils ne la haïssent pas bien qu’ils ne préféreraient pas être dans cette situation, et la cérémonie comprend aussi des gestes de tendresse pour la « victime » : Noé n’a pas voulu jeter la pierre à ces gens, il décrit une tension actuelle dans la société cubaine, entre la progressive libéralisation des mœurs et le maintien des croyances anciennes, les peurs qui perdurent et qui peuvent créer des difficultés à l’intérieur de la sphère familiale.
On voit l’attrait de Noé pour la beauté des corps, mais là où je trouvais ses courts sur Eva Herzigova vulgaires et sans intérêt, cette fascination est ici au service d’une présentation mesurée d’une situation difficile, avec une forme d’empathie tant pour la jeune fille que pour ses parents. Un film intrigant qui mériterait d’être éclairé par un spécialiste de ce genre de rituels, pour mieux comprendre le sens de chaque geste.