Film brutal, âpre, sans concession . On suit la descente aux enfers de 4 jeunes garçons contraints de s'arracher à leur condition de paysans pauvres pour tenter de "faire fortune" ou tout du moins ,gagner de quoi nourrir leurs familles dans la grande ville : Sao Paulo :Illusions bien vites perdues face à la réalité glauque de ce soi-disant Eldorado qui n'est rien d'autre qu'une prise d'otages de forces de travail dépourvues de moyen de se rebeller, un esclavagisme contemporain. Ces jeunes gars sont corvéables à merci, contraints de dégainer des fils de cuivre et récupérer des matériaux revendus sur des chantiers, 12 heures par jour. Non payés, à peine nourris, tenus prisonniers dans des conditions sanitaires déplorables, ils sont frappés, terrorisés par les représailles qui peuvent s'abattre sur leurs familles. VOUS AVEZ ETE VENDUS ! clame l'un d'entre eux dans un moment de lucidité atroce. Matteo sur qui s'ouvre le film au moment de son départ, plus dégourdi et calculateur, devient le leader de la révolte initiale, puis veut essayer de s'obtenir les bonnes grâces du patron, dans le but de faire échapper toute la bande. Les quatre sont bientôt rejoints par trois autres victimes de ce marché d'esclaves, choisis par Matteo lui-même qui devient peu à peu une sorte de second. Au milieu du film, alors que les "bons" et les "méchants" sont clairement -semble-t-il, identifiés, un glissement s'opère qui donne toute sa complexité et sa richesse subtile à l'œuvre. Le patron, se révèle être un ancien des favelas qui lui aussi a rêvé d'autre chose.. il a mère et sœurs avec qui on le voit tendre et attentionné...Le brave gamin quant à lui, se laisse peu à peu entrainer par le confort possible en se mettant du coté des oppresseurs. Ce triste constat que la Misère entraine la misère ,que le cercle infernal de la violence et de l'asservissement des plus pauvres par d'autres pauvres qui ne trouvent pas d'autres moyens de s'en sortir est impossible à briser, vous saute au visage comme une bombe d'excréments. On a envie de vomir et de pleurer. C'est un monde sans pitié ou l'homme qui a faim est une marchandise . Film social, Courageux constat et condamnation sans appel d'un système Brésilien toléré et entretenu par les politiques et les plus fortunés (on voit les policiers , ramener manu-militari les fugitifs à leur "maitre"..) Il est néanmoins aussi une œuvre artistique qui se caractérise par sa sobriété des dialogues, la justesse des acteurs, l'authenticité des rapports maitres-esclaves et l'absence de pathos. C'est un film grave, oppressant, difficile parfois à regarder mais QUI DOIT ETRE VU.