"7h58 ce samedi-là" est un film étouffant, tant par son absence de point de vue moral sur une histoire d'une rare cruauté, que par le stress intense qu'il installe chez le spectateur, incapable de prendre la moindre distance par rapport à un scénario questionnant ses propres rapports à la paternité, la famille, voire l'amour en général. Même à la troisième vision, alors que l'on sait ce que le scénario nous réserve, pas une baisse de tension, pas de répit pour nous ! Une interprétation parfaite du casting tout entier (la palme revient sans doute à Albert Finney, pétrifiant d'horreur dans la dernière demi-heure du film, qu'il élève vers le sublime de la tragédie, même si Philip Seymour Hoffman est ici absolument monumental), une mise en scène d'une sobriété totale derrière une narration éclatée sans doute un peu artificielle... Voilà une sorte d'expression parfaite de ce que le professionnalisme hollywoodien peut réaliser de meilleur lorsqu'il n'est pas détourné par des considérations commerciales. Gageons que Lumet, à ce stade de sa vie, ne s'intéressait plus aux compromis, et qu'il a pu réaliser le film implacable, oui, littéralement implacable, qu'il avait en tête. Le dernier de sa vie.

EricDebarnot
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2007

Créée

le 22 août 2013

Critique lue 806 fois

9 j'aime

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 806 fois

9

D'autres avis sur 7h58 ce samedi-là

7h58 ce samedi-là
Gothic
7

Before the Devil's nose, you're dead.

Sur une idée de Rawi *, qui m'a lancé le défi de voir puis critiquer "7h58 ce samedi-là" en quelques jours, voilà donc que je démarre. Le dernier film de Lumet ne se passe pas dans un chenil. Je...

le 16 nov. 2013

43 j'aime

19

7h58 ce samedi-là
Docteur_Jivago
8

Voyage au bout de l'Enfer

Dernière oeuvre de l'immense Sidney Lumet, Before the Devil Knows You're Dead nous emmène dans les rues de New-York pour y suivre le malheur de deux frères qui vont s'engluer dans de terribles et...

le 2 nov. 2018

29 j'aime

7h58 ce samedi-là
Pravda
6

Critique de 7h58 ce samedi-là par Pravda

Dommage. Après avoir vu 7h58 ce samedi-là, voilà le mot qui me vient à l'esprit. Dommage car l'idée de départ (2 frères organisant le braquage de la bijouterie de papa et maman pour se sortir de...

le 16 mai 2012

18 j'aime

3

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

205 j'aime

152

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

191 j'aime

115

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

190 j'aime

25