"7h58 ce samedi-là" est un film étouffant, tant par son absence de point de vue moral sur une histoire d'une rare cruauté, que par le stress intense qu'il installe chez le spectateur, incapable de prendre la moindre distance par rapport à un scénario questionnant ses propres rapports à la paternité, la famille, voire l'amour en général. Même à la troisième vision, alors que l'on sait ce que le scénario nous réserve, pas une baisse de tension, pas de répit pour nous ! Une interprétation parfaite du casting tout entier (la palme revient sans doute à Albert Finney, pétrifiant d'horreur dans la dernière demi-heure du film, qu'il élève vers le sublime de la tragédie, même si Philip Seymour Hoffman est ici absolument monumental), une mise en scène d'une sobriété totale derrière une narration éclatée sans doute un peu artificielle... Voilà une sorte d'expression parfaite de ce que le professionnalisme hollywoodien peut réaliser de meilleur lorsqu'il n'est pas détourné par des considérations commerciales. Gageons que Lumet, à ce stade de sa vie, ne s'intéressait plus aux compromis, et qu'il a pu réaliser le film implacable, oui, littéralement implacable, qu'il avait en tête. Le dernier de sa vie.